"Golfe du Mexique" au lieu de "Golfe d'Amérique" : l'agence AP bannie du Bureau ovale et de l'avion présidentiel Air Force One
L'affaire est assez révélatrice du vif ressentiment de la nouvelle administration américaine envers les médias. La prestigieuse agence Associated Press (AP) est désormais interdite d'accès au Bureau ovale jusqu'à nouvel ordre, a ainsi qu'à l'avion présidentiel "Air Force One". En effet, la présidence des Etats-Unis lui reproche de continuer à écrire "Golfe du Mexique", alors que Donald Trump avait imposé, par décret, l'usage de "Golfe d'Amérique". Ce conflit sémantique a donc des répercussions très directes sur la composition du "pool" de journalistes bénéficiant d'une accréditation pour accompagner le président.
"L'Associated Press continue d'ignorer le changement de nom géographique légal du Golfe d'Amérique", a écrit Taylor Budowich, chef de cabinet adjoint de la Maison Blanche, dans un message posté sur X, vendredi 14 février. "Si le Premier amendement" de la Constitution américaine sur la liberté d'expression "protège leur droit à des reportages irresponsables et malhonnêtes", a-t-il ajouté dans ce message plein de rancœur, "il ne garantit pas leur privilège d'accès sans entrave à des espaces limités, tels que le Bureau ovale et Air Force One". Les journalistes et photographes d'AP conservent leurs accréditations pour le complexe de la Maison Blanche, a précisé Taylor Budowich.
"Une atteinte à la liberté d'expression", répond AP
Le mois dernier, dans une note éditoriale, AP avait expliqué que le décret changeant le nom du Golfe du Mexique n'avait d'autorité qu'aux Etats-Unis, tandis que le Mexique et d'autres pays et organismes internationaux ne l'avaient pas reconnu. "Associated Press y fera référence par son nom d'origine tout en reconnaissant le nouveau nom choisi par [Donald] Trump", poursuivait l'agence de presse. Elle avait en revanche accepté de revenir au nom originel du mont "McKinley" pour désigner le plus haut sommet de l'Alaska, après la décision de Donald Trump de rebaptiser le Denali. "La zone se situe exclusivement aux Etats-Unis et, en tant que président, il a le pouvoir de modifier les noms géographiques fédéraux dans le pays."
Cette semaine, entre autres, un reporter de l'AP avait été privé d'accéder à la conférence de presse entre Donald Trump et le Premier ministre indien Narendra Modi, "une violation flagrante du Premier amendement", avait déjà déclaré Julie Pace, la rédactrice en chef de l'agence, une institution du journalisme américain, fondée en 1846. "Les mesures prises pour restreindre la couverture par AP des événements présidentiels en raison de la façon dont nous évoquons un lieu géographique portent atteinte" à "la liberté d'expression, un pilier de la démocratie américaine et une valeur cardinale du peuple américain", a réagi une porte-parole de l'agence, Lauren Easton, après les dernières annonces de la Maison Blanche.