«N’essayons pas de comparer» : Fesneau refuse les «amalgames» entre la crise des «gilets jaunes» et la colère des agriculteurs
La colère des agriculteurs français ne faiblit pas depuis qu’ils ont rejoint le mouvement européen il y a quatre jours. Près de Toulouse, l’autoroute A64 reste ainsi bloquée par des manifestants, tandis que des locaux de la Direction régionale de l'environnement (DREAL) ont été soufflés par une explosion à Carcassonne. «Cela est insupportable, que le bâtiment soit vide ou non. Je ne trie pas dans la violence. La justice est saisie, j'espère qu'on trouvera les auteurs. (...) Je dénonce la violence d'où qu'elle vienne, elle ne peut pas être un moyen d'action» a réagi le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, invité du «Grand Jury» RTL-Le Figaro-M6-Paris Première ce dimanche. Survenue dans la nuit de jeudi à vendredi, l’attaque - revendiquée par le «Comité d'action viticole» - a marqué un tournant dans la mobilisation.
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Cinq ans après la crise des «gilets jaunes», dont le traumatisme reste vif au sommet de l’État, Emmanuel Macron a demandé aux préfets de se rendre ce week-end auprès des manifestants pour tenter de contenir la grogne et éviter que la protestation ne s’inscrive dans la durée. Refusant de «comparer» la situation actuelle avec la grande jacquerie de 2018, Marc Fesneau a balayé tout «amalgame» et affirmé qu'il n'y «avait pas du tout (...) de panique» au sein de l’exécutif. «Le chef de l'État nous a demandé collectivement de nous mobiliser pour percevoir ce qui est cette crise et d'essayer d'y répondre», a sobrement résumé le ministre, appelant «tout le monde à ne pas rentrer dans la surenchère».
Denormandie incarne «quelque chose qui serait utile à la majorité» pour les européennes
Parmi les revendications des agriculteurs français se trouve notamment la dénonciation d’une concurrence qu'ils jugent déloyale venue d'autres pays européens, ainsi que des normes environnementales trop contraignantes. En réponse, le gouvernement rappelle que «le budget de l’agriculture (...) est le budget qui augmente le plus». «On met des moyens auprès des agriculteurs pour les accompagner dans les transitions et pour améliorer leur compétitivité», vante le ministre.
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Conscient que les cortèges ciblent notamment Bruxelles et les nombreuses directives qui émanent des Vingt-Sept, Marc Fesneau persiste à penser que l’Union est le bon échelon. «Il faut faire du sujet européen un sujet central parce que l'avenir de la France c'est l'Europe», soutient-il. Avant de laisser entendre que son prédécesseur au ministère de l’Agriculture, Julien Denormandie, pourrait justement conduire la liste macroniste aux européennes de juin prochain. Aujourd’hui en retrait de la vie politique, ce dernier incarne «quelque chose qui serait utile à la majorité». «Il a quelque chose qui est utile dans le débat public», glisse-t-il.