Coup de foudre, mode d’emploi. Il faut avouer que Sigmund n’est pas si mal, avec ses cheveux blonds, ses pulls ras-du-cou et son début de barbe. Maria l’a tout de suite repéré. Cette mère de deux enfants, issus d’une union visiblement désastreuse, a un sourire à faire fondre un ayatollah et de l’énergie à revendre. Ils se croisent chez des amis, se frôlent dans des soirées. L’alchimie fonctionne. C’est tout juste si elle ne lui saute pas dessus. On ne peut pas dire qu’il résiste beaucoup. Ils dansent, s’amusent, se roulent dans les draps.
Sept ans plus tard, il ne s’agit plus de la même histoire. Il y a deux enfants supplémentaires. Le quotidien a ravagé les élans de tendresse. Entre eux, la fusion a cessé de fonctionner. Lui n’est jamais là, son statut de musicien l’obligeant à partir en tournée. Les tâches ménagères la débordent. Sa fille adolescente la méprise, veut s’installer chez son père. Bref, ça n’est plus ça. Maria perd pied, pique des crises. Sigmund se lasse, s’éloigne. Encore un échec – elle ne le supporte pas.
À lire aussi Pour Étienne et Aline, 35 ans de relation, «la vie de couple n’est pas faite pour tout le monde»
Un truc qui cloche
Vieille histoire, éternelle chanson. La Norvégienne Lilja Ingolfsdottir la repeint à neuf, avec des couleurs d’aujourd’hui, lui insuffle une urgence, une tension qui ne repoussent pas la profondeur. Ce portrait de femme sur le fil brûle de l’intérieur. Maria décide de quitter la maison. Cette parenthèse pourrait arranger les choses. On croit ça. En elle, la colère, l’incompréhension continuent à bouillir. Il faudrait qu’elle parle à quelqu’un. On lui conseille de gérer ses émotions. Elle se cogne contre les murs, agit en dépit du bon sens, va attendre son aînée à la sortie du lycée. Ça n’est pas très malin d’appeler sans arrêt Sigmund. Elle tombe toujours sur le répondeur, sans laisser de message.
Le couple consulte une conseillère conjugale qui ne leur est pas d’un grand secours. Une réunion de parents d’élèves crée un solide conflit. Il enregistre leurs disputes. Elle ne s’entend pas non plus avec sa mère. Quel bazar ! Il y a un truc qui cloche, mais quoi ? Elle n’a pas tous les torts, quand même. Une grosse, une terrible fatigue lui tombe sur les épaules. Sa famille lui manque, avec ses cris, ses fous rires – la vie, quoi. La solitude lui pèse, l’écrase de tourments et d’insomnies. Elle s’adresse à son reflet dans son miroir, écoute Ne me quitte pas. Des images du passé lui traversent l’esprit, comme on feuillette un album de photos en sépia.
C’était donc nous, ça ? Cette douceur, cette complicité ont bien existé. Ils ne peuvent pas être devenus ces deux étrangers, si ? La sagesse reprendra peut-être ses droits, un jour. Un jour, elle en est sûre, ils se donneront rendez-vous dans un café. Leurs doigts se croiseront. Patience. Helga Guren, les nerfs à fleur de peau, saisie par des frissons de révolte, passe par des montagnes russes de sentiments. Elle soutient de bout en bout ce Loveable qui ressemble à du Bergman en jeans et tee-shirt.
La note du Figaro : 3/4.