Un an après le procès Pelicot, comment construire une société sans violence masculine ?

Le procès qui s’est tenu en 2024 à la cour criminelle d’Avignon a eu un retentissement mondial, condamnant 50 hommes pour viols, agressions sexuelles, tentatives de viol, sur une période de dix ans sur une même victime, Gisèle Pelicot. Ce procès historique a fait émerger des questions féministes centrales.

Quel impact a eu ce procès ?

Caroline Darian

Fille de Gisèle et Dominique Pelicot, fondatrice de l’association M’endors pas

Il a eu un retentissement énorme dans ma vie personnelle. J’attendais de ce procès des réponses à des questions sur la personnalité de mon géniteur, Dominique Pelicot. Trois mois et demi de procès n’ont pas suffi à le faire parler. Cela a été extrêmement douloureux et l’une des pires épreuves de ma vie. La vérité a été dite et entendue pour ce qui concerne les faits subis par ma mère, d’une atrocité hors norme.

Mais cela n’a pas suffi. Pour les enfants de Dominique et Gisèle, les petits enfants aussi, tous parties civiles, pour toute cette famille sur les bancs de cette cour criminelle, il a été difficile de voir que beaucoup de questions n’ont pas été posées. Pour un procès qui était à ce point attendu en France, les moyens n’ont pas été mis.

Nous nous sommes retrouvés dans une salle qui était l’équivalent d’un mouchoir de poche, où il y avait une victime avérée, ma mère, des victimes présumées dont je fais partie, et en face, 51 co-accusés, une cinquantaine d’avocats, la cour. Pendant trois mois et demi, nous avons vécu dans une espèce de microcosme où rien n’a été fait pour préserver le bien-être et l’équilibre des victimes....