L’influenceur algérien sous OQTF «Zazou Youcef», qui appelait «à commettre des attentats en France», écroué
L’influenceur algérien «Zazou Youcef», Youcef A. de son vrai prénom, qui appelait sur le réseau social TikTok à commettre des violences envers les opposants au régime algérien en France, a été placé en détention provisoire, indique ce samedi 4 janvier le parquet de Brest dans un communiqué.
«Il est poursuivi devant le tribunal correctionnel de Brest selon la procédure de comparution à délai différé pour des faits d’apologie publique d’un acte de terrorisme commise au moyen d’un service de communication au public en ligne», précise le ministère public. «Il comparaitra le 24 février 2025 à 13h30. Il encourt la peine de 7 ans d’emprisonnement et de 100.000 euros d’amende. En attendant l’audience, il a été placé en détention provisoire», détaille le parquet de Brest dans ce communiqué.
«Tirez sur eux (...) On va vous violer»
Le suspect de 25 ans avait été interpellé vendredi matin dans un quartier de Brest (Finistère) en compagnie d’un autre Algérien âgé de 41 ans, soupçonné d’être son complice, qui le logeait. «L’influenceur algérien (...) qui appelait sa communauté à commettre des attentats en France devra répondre de ses actes devant la Justice. (...) Ne rien laisser passer», avait annoncé le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, sur le réseau social X. Le suspect a expliqué durant sa garde à vue que son message était destiné à la communauté algérienne et qu’il visait les opposants au régime en place en Algérie, selon le parquet. Le complice supposé a quant à lui été mis hors de cause et remis en liberté.
«Zazou Youcef» était suivi par plus de 400.000 abonnés sur TikTok avant que la plateforme bannisse son compte pour «non-respect des règles communautaires». «Les organisations ou les personnes violentes et haineuses n’ont pas leur place sur TikTok», indique TikTok au Figaro. Dans une première vidéo publiée le 31 décembre, l’influenceur menaçait de commettre des attaques contre les personnes qui manifesteraient contre le régime algérien lors du Nouvel an. «On va vous faire comme dans les années 90. On va tirer sur vous (...) Vous voulez sortir le 1er janvier ? Tirez sur eux, il faut faire parler la poudre. Président Tebboune (le président algérien, NDLR), tirez sur eux, ils veulent le chaos», expliquait-il face caméra, en langue arabe, tout en mimant des tirs avec ses mains.
«Quand les policiers m’ont signalé avoir détecté cette vidéo, je leur ai demandé de prendre contact tout de suite avec le parquet pour qu’une enquête judiciaire nous donne immédiatement les moyens d’investiguer», a indiqué vendredi le préfet du Finistère, Alain Espinasse, à l’AFP.
Dans une seconde vidéo postée quelques jours plus tard, l’influenceur persistait. «Nous sommes en guerre. Au moindre faux pas on va niquer vos mères», expliquait-il en mimant un geste d’égorgement. Il s’était ensuite filmé dans les rues de Brest. «Venez nous affronter. Si vous avez quelque chose à dire, on est là. On va vous niquer, pisser sur vous, on va vous violer puis niquer votre mère (...) Vive l’Algérie, moi je vais vous achever», menaçait-il.
Il avait participé aux émeutes de 2023
Né à Mostaganem dans le nord-ouest de l’Algérie, Youcef A. a déclaré être arrivé en France en 2020, et a reçu un titre de séjour en mars 2023, valable jusqu’au 14 mars 2024, selon le préfet du Finistère Alain Espinasse. «Il avait un titre de séjour en tant que parent d’enfant français puisqu’il a eu un enfant avec une personne de nationalité française», a précisé le préfet.
Youcef A. avait été condamné par ordonnance pénale en janvier 2023 pour des faits de vol. Lors des violentes émeutes urbaines qui ont secoué la France après la mort de Nahel en juin 2023, il avait été interpellé pour avoir pris part à la dégradation d’un complexe sportif à Brest et condamné en décembre par le tribunal correctionnel à douze mois de prison.
«Il a fait appel dans la foulée de sa condamnation», ce qui explique pourquoi il n’a pas été emprisonné, a déclaré Alain Espinasse à l’AFP. Selon la cour d’appel de Rennes, l’audience de son procès en appel est en attente de fixation. «Compte tenu des faits dont il s’était rendu coupable, lorsque son titre de séjour est arrivé à échéance en mars 2024, j’ai décidé de ne pas le renouveler et on lui a notifié le 18 avril 2024 une obligation de quitter le territoire français (OQTF)», a également indiqué le préfet. Après la délivrance de son OQTF, Youcef A. avait été inscrit au fichier des personnes recherchées (FPR).
Un second influenceur algérien, lui aussi visé par une OQTF, a également été placé en garde à vue, vendredi à Échirolles (Isère), pour «menaces de mort matérialisées par écrit, image ou autre objet commises en raison de la race, de l’ethnie, de la nation ou de la religion».