Et si l’Ukraine perdait la guerre contre la Russie? La question est taboue, chez les Ukrainiens comme chez leurs alliés occidentaux, tant elle est lourde d’implications. Mais après vingt et un mois de guerre, alors que depuis l’échec de la contre-offensive les fronts militaires sont gelés, certains se posent discrètement la question. On n’en est pas encore là. Mais depuis plusieurs semaines, les mauvaises nouvelles s’accumulent sur l’Ukraine, contre laquelle tous les vents noirs de la politique et de la diplomatie se sont mis à souffler.
Sur le terrain militaire, d’abord, où l’enlisement n’a pas attendu le retour des boues d’automne et du froid de l’hiver pour s’installer et geler les initiatives. Certains avaient cru voir dans les crises sociales et politiques qui ont secoué le Kremlin au cours de l’année un effondrement possible de l’armée russe à moyen terme. Cet espoir a depuis été chassé des esprits. «Les Européens ont sous-estimé les capacités militaires des Russes», résume Alyona…