Envoi de troupes occidentales en Ukraine : l'hypothèse d’Emmanuel Macron déjà écartée par de nombreux alliés

Fini le tabou ? L'envoi de troupes occidentales au sol pour soutenir l’Ukraine a «été évoqué parmi les options» pour aider Kiev à se sortir de la guerre qui l’oppose à la Russie depuis plus de deux ans, a assuré Emmanuel Macron lundi soir. «Rien ne doit être exclu. Nous ferons tout ce qu'il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre, a-t-il ajouté. La défaite de la Russie est indispensable à la sécurité et à la stabilité en Europe», a-t-il déclaré à l’issue d’une conférence internationale de soutien à l'Ukraine réunissant 21 chefs d'État à Paris.

L’option, qui n'avait jusque-là jamais été évoquée, divise les alliés. Et tranche avec la prudence jusque-là affichée par les pays membres de l’Otan qui cherchent à éviter toute cobelligérance avec la Russie. À ce stade, aucun pays ne s’est clairement déclaré prêt à envoyer des troupes sur le sol ukrainien. Le chef de l'État français lui-même n'a pas souhaité éclaircir la position de la France, expliquant assumer une «ambiguïté stratégique». «Je n'ai absolument pas dit que la France n'y était pas favorable, a-t-il ajouté. Je ne lèverai pas l'ambiguïté des débats de ce soir en donnant des noms», a-t-il ajouté.

«Pas du tout d’actualité»

Certains pays font preuve de plus de clarté. Au premier rang desquels les États membres du groupe de Visegrad. Ce mardi matin, le premier ministre tchèque, Petr Fiala, a déclaré que Prague n'envisageait pas d'envoyer des troupes en Ukraine. «Personne n'a à s'en inquiéter», avait-il déjà assuré lundi soir. En Pologne, le premier ministre Donald Tusk a déclaré «être prêt à participer à toute initiative pouvant mettre fin à la guerre en Ukraine» tout en écartant d'y envoyer des troupes. Côté hongrois, le ministre des Affaires étrangères a balayé d’un revers de main l’hypothèse évoquée par l’hôte de l’Élysée. «Notre position est solide comme le roc : nous ne sommes pas disposés à envoyer des armes ou des troupes en Ukraine», a déclaré le ministre des Affaires étrangères Peter Szijjarto.

Le président populiste slovaque Robert Fico, élu en 2023, a quant à lui estimé qu’un tel envoi de troupes conduirait à une «énorme escalade». Et de qualifier la conférence parisienne de «réunion de combat». En Suède, le premier ministre Ulf Kristersson a déclaré, ce matin sur la chaîne de télévision publique SVT, que l’envoi de militaires en Ukraine «n’est pas du tout d’actualité pour l’instant». «La tradition [d’engagement militaire] française n'est pas la tradition suédoise», a-t-il ajouté. Stockholm n'a effectivement pas connu de guerre depuis un conflit contre la Norvège en 1814. En fin de matinée, le chancelier allemand Olaf Scholz a été tout aussi clair : il n’y aura pas d’envoi de «soldats» d'Europe ou de l'Otan en Ukraine.

Mise en garde de Moscou

Les États-Unis, représentés lundi soir, n'ont pas encore réagi officiellement. «Beaucoup de gens qui disent Jamais, jamais aujourd'hui étaient les mêmes qui disaient “Jamais des tanks, jamais des avions, jamais des missiles à longue portée il y a deux ans”, a déclaré hier soir Emmanuel Macron. Ayons l'humilité de constater qu'on a souvent eu six à douze mois de retard. C'était l'objectif de la discussion de ce soir : tout est possible si c'est utile pour atteindre notre objectif.»

En Ukraine, ce débat est chaudement accueilli. «Cela montre une conscience absolue des risques posés à l'Europe par une Russie militariste et agressive», a déclaré un conseiller présidentiel, ce mardi. De son côté, le Kremlin met en garde : envoyer des troupes en Ukraine ne serait «pas dans l'intérêt» des Occidentaux.