Saint-Nazaire : le directeur d’un lycée privé suspendu pour «comportement inapproprié» après s’être introduit dans des chambres

L’affaire est prise très au sérieux. Vendredi, le directeur du lycée Notre-Dame d’Espérance, à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), a été suspendu jusqu’à nouvel ordre. L’annonce a été faite oralement au personnel de cet établissement privé, avant l’envoi d’un courrier. «Le rectorat a informé la direction diocésaine avoir été saisi de faits mettant en cause M. L.», mentionne ce document, signé du directeur diocésain, comme révélé par Ici Loire Océan. «Son contrat est à ce jour suspendu et le procureur de la République a été saisi», stipule encore la lettre datée du 21 mars, que Le Figaro a pu consulter.

Sollicité, le parquet de Saint-Nazaire confirme la «suspension provisoire» du directeur et l’ouverture d’une enquête après avoir reçu un signalement «faisant état d’un comportement inapproprié de sa part à l’égard des élèves au cours d’un voyage scolaire à Paris». L’objectif est de «recueillir les témoignages et de qualifier pénalement les faits reprochés (le signalement étant insuffisamment explicite pour qualifier d’emblée ces comportements d’agression sexuelle)», indique Florence Sroda, procureur de la République du tribunal judiciaire nazairien.

Visite surprise dans des chambres d’hôtel

Les choses sont allées très vite. Les langues se sont déliées lors d’un voyage scolaire organisé à Paris de lundi à mercredi soir dernier. Le directeur a débarqué un soir dans l’hôtel où logeaient les trois classes de seconde, suscitant l’étonnement des enseignants qui n’étaient manifestement pas au courant. Après avoir récupéré un badge, il discute avec les élèves, monte dans les étages et «pénètre dans les chambres des filles, sans frapper. Il semblerait qu’il y a eu des paroles et ou des gestes qui pouvaient être considérés comme limites par ces jeunes filles», confie Philippe Legrand, membre du bureau régional de la CGT enseignement privé, selon des propos qui lui ont été rapportés.

Une élève en parle ensuite à sa mère, qui prévient le rectorat. Celui-ci auditionne alors les accompagnants puis fait passer le dossier dans les mains du parquet. La sidération et la peur sont d’autant plus grandes que «le directeur a des comportements inappropriés depuis son arrivée, le 1er septembre, auprès des internes», confie encore Philippe Legrand selon des témoignages lui étant parvenus. Il se serait déjà introduit dans les chambres des filles, à l’improviste. L’ancien secrétaire général de la CGT Enseignement privé insiste toutefois sur la présomption d’innocence dont bénéficie le directeur du lycée. Occupés à gérer cette crise, la direction diocésaine et le rectorat n’étaient pas disponibles ce lundi matin pour répondre à nos questions. Interrogée par la presse ce matin lors d’un déplacement à Versailles, la ministre de l’Éducation Élisabeth Borne a évoqué «un directeur qui a pu rentrer en utilisant un pass dans les chambres de lycéennes qui étaient en voyage».

Manifestation devant le lycée

«Tout ça a été très rapide. Il y a vraisemblablement eu une sorte d’effet Bétharram , avec des personnes se disant : “J’ai intérêt à réagir vite au cas où il se passerait quelque chose”», analyse encore le représentant syndical Philippe Legrand, qui a été appelé samedi après-midi par le directeur diocésain. Ce coup de fil en plein week-end témoigne pour lui de la sensibilité et de la réactivité de l’institution. «Il est hors de question qu’il puisse perdurer dans les établissements une quelconque violence, qu’elle soit physique, psychologique, sexuelle, sexiste», insiste-t-il au nom de la CGT, qui demande à ce qu’une enquête soit diligentée dans l’académie de Caen, où le chef d’établissement a exercé auparavant.

En attendant, le directeur adjoint a repris les rênes de Notre-Dame d’Espérance et les services diocésains «assureront un suivi attentif de la situation et se tiendront à disposition des équipes pédagogiques, des familles et des élèves pour toute question ou besoin d’accompagnement», précise le courrier du diocèse. «Nous vous invitons à la plus grande prudence dans les propos que vous pourriez entendre ou partager», est-il écrit en conclusion. Comme constaté par L’écho de la Presqu’île, une petite centaine d’élèves a manifesté devant les grilles de l’établissement ce lundi matin, accompagnée de militants syndicaux et féministes. En 2017, un professeur de ce même lycée avait été suspendu et écroué, puis condamné deux ans plus tard pour des atteintes sexuelles envers des mineurs.