Intelligence artificielle, fake news... Les Français s’intéressent plus à l’actualité, mais font de moins en moins confiance aux médias

La folle actualité politique et géopolitique de l’année 2024 a intéressé les Français. Selon la 38ème édition du Baromètre La Croix-Verian-La Poste, sur la confiance des Français dans les médias, publié ce mardi à l’occasion du festival Médias en Seine, ils sont 76% à «suivre l’actualité avec un grand intêret», en progression de 1 point par rapport au baromètre 2023. Évolution significative, ils sont 33% à nourrir un «très grand intérêt» pour ce qui se passe en France et dans le monde, quand ils n’étaient que 28% l’année précédente. 

Pour autant, la confiance des citoyens dans les médias continue de s’éroder. D’après cette enquête, réalisée sur un échantillon national de près de 1000 personnes représentatif de la population âgée de 18 ans et plus, 62% des Français estiment «qu’il faut se méfier de ce que disent les médias sur les grands sujets d’actualité». Ce pourcentage est en hausse de 5 points sur un an. Les sondés sont également moins nombreux à estimer que l’«on peut avoir confiance dans ce que disent les médias sur les grands sujets d’actualité» (-2 points). La moitié des Français reste sujette à la ’fatigue informationnelle’ et un nombre croissant d’entre eux dit se sentir «angoissé ou impuissant face aux informations».

La télévision en majesté

La perte de confiance des Français dans les médias semble liée au sentiment que les fausses informations se multiplient, y compris dans les médias traditionnels. Plus de la moitié des Français déplore être confrontée à plusieurs «fake news» par semaine sur les réseaux sociaux, un chiffre en hausse de 4 points. Mais les sondés considèrent que les fausses informations sont également de plus en plus répandues à la TV et dans la presse. Ils sont respectivement 45% et 35% à le déplorer, avec des progressions de 9 et 6 points sur l’année. Pour les Français interrogés, ce n’est pas le recours à l’intelligence artificielle qui pourrait arranger les choses : ils ne sont que 29% à penser que cette technologie permettra d’améliorer la qualité des informations fournies dans les médias et 37% à craindre que l’IA favorise «les manipulations dans les informations diffusées».

Malgré la concurrence des réseaux sociaux et le sentiment de voir les fausses informations se multiplier sur les antennes, la télévision reste le média préféré des Français pour suivre l’actualité. 76% des citoyens interrogés la regardent quotidiennement pour se tenir au courant, loin devant la presse et les réseaux sociaux, désormais à égalité dans la consommation informationnelle des sondés (46%). Vient ensuite la radio (39%), et en dernière position, les podcasts (13%). Souvent promis au déclin, les journaux télévisés d’information font preuve d’une belle résilience puisque 90% des Français le regardent toujours pour suivre l’actualité et ils sont même 62% à s’y le regarder quotidiennement, un chiffre en hausse de 5 points par rapport à 2023.

Concernant les sujets couverts au cours de l’année écoulée, les Français sondés estiment que les médias ont trop parlé de l’élection présidentielle américaine (41%) et des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris (37%) et, qu’à l’inverse, les sujets relatifs à la fin de vie ont été insuffisamment évoqués (52%). Ils sont plus nombreux à estimer que le dérèglement climatique et ses conséquences sont désormais mieux traités par les médias (45%, +5 points), mais aussi à regretter un moins bon traitement des problématiques liées au service public (56%, +7 points).

L’audiovisuel public plébiscité, l’Arcom approuvée

Pour ce qui est de l’indépendance des journalistes et du pluralisme d’opinion, les sondés sont plus cléments avec les groupes de médias publics que privés. Ils sont seulement 37% à penser que «le fait que plusieurs groupes de presse ou de médias importants soient détenus par de grands groupes privés» s’avère une «bonne chose» pour l’indépendance et la pluralité. En revanche, ils sont plus de la moitié (56%) à saluer l’existence de médias audiovisuels publics comme France Télévisions ou Radio France pour ces deux aspects. Plus d’un Français sur deux (52%) estime que les médias publics reflètent bien la diversité des opinions en France dans leur traitement de l’information, c’est trois points de plus que pour les médias privés (49%).

L’année 2024 a été marquée par la visibilité grandissante de l’Arcom, l’autorité publique chargée de la régulation audiovisuelle, notamment lorsqu’elle a prononcé l’exclusion effective dès février 2025 des chaînes C8 et NRJ12 de la TNT. Les sondés sont majoritaires (57%) à se montrer favorables à ce que le gendarme de l’audiovisuel prenne des sanctions lorsqu’une chaîne de télévision ou de radio «diffuse ou laisse diffuser de fausses informations». L’approbation est légèrement moins forte s’agissant du manque de diversité politique (55%) ou de l’expression de propos haineux ou injurieux (53%).

Autre enseignement du baromètre : les citoyens sont plus nombreux à approuver les prises de position par les journalistes (48%) qu’à le déplorer (41%). Dix ans après les attentats terroristes ayant visé le journal satirique Charlie Hebdo, ils sont plus de la moitié (53%) à désirer garantir la liberté d’expression et le droit à la caricature, même si cela peut heurter certaines personnes, plutôt que de respecter les individus et leurs sensibilités. Près de la moitié des 18-24 ans (46%) pensent cependant que des limites doivent être posées à la liberté d’expression, au nom du respect des individus. Une large majorité des Français estime enfin que, «ces dernières années, les opinions radicales sont de plus en plus présentes dans les médias» (81%).