À l’ère Donald Trump, le National Symphony Orchestra doit réviser l’hymne national

La partition sera certes moins difficile que la Symphonie n°4 de Prokofiev que le directeur musical a enregistrée récemment. Le National Symphony Orchestra, principale formation de Washington, jouera désormais l’hymne national avant chacune des représentations. Cette décision, relayée par Fox News, est l’une des nouvelles conséquences de la reprise en main par Donald Trump de l’établissement qui accueille l’orchestre, le Kennedy Center.

En février dernier, le président a annoncé à la surprise générale qu’il prenait le contrôle de la grande institution culturelle de la capitale. Une partie du conseil d’administration a été évincée, pour être remplacée par des personnalités plus susceptibles de partager la « vision d’un âge d’or de l’art et de la culture » promue par Trump. Parmi elles, la femme du vice-président JD Vance. Cette reprise en main a cristallisé l’opposition entre le monde des arts et le nouveau président.

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« S’amuser » avec l’hymne

« Les gens ont été vraiment émus par l’interprétation de l’hymne à l’ouverture de la saison, alors nous avons pensé, pourquoi ne pas le jouer à chaque représentation ? », fait savoir dans le New York Times  Jean Davidson, la directrice générale de l’orchestre. Qui insiste sur la perspective du 250e anniversaire des États-Unis. Jusqu’à maintenant, la formation dirigée par le chef italien Gianandrea Noseda ne jouait The Star-Spangled Banner qu’au début de la saison musicale, à l’image d’autres formations américaines.

L’orchestre réfléchit à s’« amuser » avec cette œuvre du XIXe siècle, qui servit dans un premier temps d’hymne à la marine américaine, et à en proposer divers arrangements. Une version standard a été établie en 1917, à la demande de la Maison-Blanche. Jimi Hendrix et Igor Stravinsky se sont chargés plus tard de lui donner d’autres allures, dans des genres bien différents.

Cent dollars d’amende

L’arrangement proposé par Stravinsky dans les années 1940 aurait pu lui valoir des ennuis avec la justice. Sa mélopée moderne, moins martiale, aurait choqué une partie du public de Boston au cours d’un concert. La police avait signifié au compositeur franco-russe que cet hommage à son pays d’adoption pouvait être sanctionné d’une amende de cent dollars, car l’hymne devait rester inchangé.

Interprétée prochainement au Kennedy Center, cette version devrait flatter l’oreille musicale de Donald Trump. Dans un podcast diffusé sur YouTube en juin dernier, le président a confié avoir été qualifié de « brillant » par des professeurs de musique dans sa jeunesse. Ce bel encouragement l’avait convaincu de jouer de la flûte. « Les gens aimaient la musique que je jouais », claironnait-il.