"Je suis dégoûté, on repart dans l’amateurisme" : près d'un an après les Jeux olympiques, la colère des athlètes handisport face aux promesses non tenues

Les doubles champions paralympiques, l'athlète non-voyant Timothée Adolphe et son guide Charles Renard sont au départ du 100 m du Handisport Open de Paris au stade Charléty dans le 13e arrondissement de la capitale.

Ils remportent la course mais c'est de la colère qu'ils expriment sur la ligne d'arrivée, en raison d'un problème technique dans le starting-block. "En 2024, on était ici et on avait des blocks tout neufs, explique Timothée Adolphe. Tout était neuf et clean pour les Jeux. Maintenant, on repart dans l'amateurisme. Je suis dégoûté, ce n'est même pas diffusé. En 2024, c'était bien diffusé. Les blocks, c'est de la merde. C'est ça l'héritage ? Et on enlève 75% au budget sportif." "Les blablas des politiques, c'est un manque de respect", déplore Charles Renard.

"Cette énergie totalement folle qu'on a pu connaître l'été dernier est un peu disparue", regrette sur franceinfo Alexis Hanquinquant, double champion paralympique et champion du monde de paratriathlon. L'athlète dresse un constat préoccupant. "C'est très compliqué pour le mouvement paralympique", confie-t-il. L'athlète va jusqu'à évoquer un sentiment d'abandon : "On a un peu l'impression indirectement d'être abandonné."

"L'héritage des Jeux n'y est pas"

Les pouvoirs publics ont beaucoup que les avancées obtenues pour les Jeux perdureraient. "On nous avait promis un héritage des Jeux et il n'y est pas", déplore Alexis Hanquinquant. Pourtant, selon lui, "ces Jeux Paralympiques de Paris 2024 ont prouvé au grand public que le mouvement paralympique n'était pas une foire à la saucisse, que c'étaient des vrais athlètes de haut niveau, avec le même goût du dépassement de soi, même envie de réussir."

Sur la quarantaine d'athlètes français inscrits, douze ont déclaré forfait. Ils sont souvent usés physiquement, usés mentalement et accablés par la perte de leurs sponsors depuis les jeux de Paris. "Avant tout, il faut les comprendre parce qu'il y a cette usure que les championnats du monde post-jeux ne sont pas primordiaux, explique Guy Ontanon, le manager de la performance à la fédération française handisport. On essaye plutôt de les accompagner dans cette gestion de carrière, du stress et des progrès physiques et psychologiques pour ces épreuves."

Il y a quand même une bonne nouvelle. C'est l'afflux d'inscriptions dans les clubs de parasports depuis les Jeux olympiques. Et une nouvelle génération d'athlètes, jeunes et ambitieux qui préparent Los Angeles 2028.