Les plateformes de musique en streaming partent en guerre contre la musique générée par l'IA

Le français Deezer est en première ligne. Dans les semaines qui viennent, il sera, cet été, le premier à signaler systématiquement les morceaux générés par intelligence artificielle sur sa plateforme. Ces morceaux n’intégreront plus les recommandations. Ils remonteront moins haut dans les résultats de recherche. Objectif ? Réduire la visibilité de la musique créée par des algorithmes, au profit de celle produite par des artistes humains.

Afin de savoir qu’une chanson est créée par une IA, Deezer a commencé par générer des milliers de chansons, dans différents styles, avec les outils les plus populaires comme Suno ou Udio. Ensuite, la plateforme musicale les a décortiquées pour essayer d’y trouver des signaux récurrents, ce qui  lui a donné des indices pour repérer les morceaux conçus avec ces outils.

L'IA à l'origine de nombreux titres

Deezer s'est ainsi aperçu que 18% des titres ajoutés, chaque jour, sur sa plateforme étaient entièrement générés par Intelligence Artificielle. Beaucoup d’entre eux sont d’ailleurs largement inspirés de succès existants pour être plus facilement recommandés et générer des écoutes en profitant de la notoriété d’autres artistes. Certains vont même très loin en créant carrément des groupes fictifs, par exemple, Rumba Congo, un groupe de fusion cubano-congolais. On peut écouter plusieurs de ses albums. Il a une page YouTube avec son histoire. On apprend qu’il a été créé en 1971. Il existe des photos des membres, des vidéo-clips… Mais ce groupe n’existe pas. Tout a été généré par IA.

 
Tous ces titres ne vont pas être supprimés, parce qu’ils évoluent dans une zone grise. Ceux qui seront systématiquement supprimés sont ceux qui plagient ouvertement un artiste. Un inédit de Drake avec The Week-End a fait fureur, il y a quelques années alors qu’il était totalement faux. Le Graal désormais, serait de récupérer les droits en amont de l’outil de création musicale. En sachant de quels artistes l’IA s’est inspirée, on pourrait, en théorie, créer un modèle de licence plus précis. Une idée qui rouvre le vieux débat de l’influence musicale. Robin Thicke et Pharrell Williams ont, par exemple, été définitivement condamnés pour le plagiat d'un titre de Marvin Gaye dans leur tube Blurred Lines.