Relations franco-algériennes : la France doute du respect de la feuille de route de 2022
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a émis des doutes, dimanche 5 janvier, lors d'un entretien sur la radio privée RTL, sur la volonté d'Alger de respecter la feuille de route des relations bilatérales franco-algériennes.
"Nous avons en 2022 (...) rédigé une feuille de route (...), nous tenons à ce [qu'elle] puisse être suivie", a-t-il déclaré.
Paris et Alger avaient retrouvé le chemin d'un réchauffement de leurs relations à l'occasion d'un déplacement du président Emmanuel Macron en Algérie en août 2022.
Les deux chefs d'État avaient signé en grande pompe une déclaration commune ouvrant la voie notamment à un assouplissement du régime de visas accordés à l'Algérie en échange d'une coopération accrue d'Alger dans la lutte contre l'immigration illégale.
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"Mais nous observons des postures, des décisions de la part des autorités algériennes qui nous permettent de douter de l'intention des Algériens de se tenir à cette feuille de route. Parce que pour tenir la feuille de route, il faut être deux", a-t-il ajouté.
Le chef de la diplomatie française s'est aussi déclaré "comme le président de la République, très préoccupé par le fait que la demande de libération adressée par Boualem Sansal et ses avocats a été rejetée".
Critique du pouvoir algérien, Boualem Sansal, 75 ans, né d'un père d'origine marocaine et d'une mère algérienne, est incarcéré depuis la mi-novembre pour atteinte à la sûreté de l'État et se trouve dans une unité de soins depuis la mi-décembre.
Un "imposteur" envoyé par la France
"Je suis préoccupé par son état de santé et (...) la France est très attachée à la liberté d'expression, la liberté d'opinion et considère que les raisons qui ont pu conduire les autorités algériennes à l'incarcérer ne sont pas valables", a relevé Jean-Noël Barrot.
Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, avait évoqué pour la première fois dimanche dernier l'arrestation de l'écrivain à la mi-novembre à Alger, le qualifiant d'"imposteur" envoyé par la France.
Naturalisé français en 2024, Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du code pénal, qui sanctionne "comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions".
"Nous souhaitons entretenir les meilleures relations avec l'Algérie (...) mais ce n'est pas le cas aujourd'hui", a regretté le ministre français.
Alger a retiré son ambassadeur à Paris fin juillet quand le président français Emmanuel Macron a apporté un soutien appuyé aux propositions marocaines concernant le Sahara occidental, avant de se rendre à Rabat fin octobre.
Avec AFP