En Roumanie, ascension attendue de l'extrême droite à la présidentielle

George Simion répond à une question lors d’un débat présidentiel à Bucarest, en Roumanie, le 18 novembre 2024. INQUAM PHOTOS/Octav Ganea / REUTERS

Après dix ans de présidence de Klaus Iohannis, fervent soutien de Kiev et inlassable avocat des valeurs européennes, ce scrutin est porteur de lourds enjeux, notamment parce que les sondages donnent le candidat d’extrême droite favori.

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Les Roumains sont appelés aux urnes dimanche pour le premier tour de la présidentielle dans un climat social tendu qui pourrait favoriser le candidat d'extrême droite.

Parmi les 13 candidats, le chef du parti AUR (Alliance pour l'unité des Roumains) George Simion, 38 ans, apparaît en position de se qualifier pour le second tour, selon les sondages qui le créditent de 15 à 19%, contre quelque 25% pour le favori, l'actuel Premier ministre social-démocrate (PSD) Marcel Ciolacu, 56 ans.

Avec son discours passionné aux accents mystiques et conspirationnistes, M. Simion a capitalisé selon les experts sur la colère des Roumains appauvris par une inflation record (10% l'an dernier, 5,5% prévus en 2024). Son accession au deuxième tour prévu le 8 décembre serait un coup de tonnerre dans ce loyal État membre de l'UE et de l'Otan de 19 millions d'habitants qui a jusqu'ici résisté aux postures nationalistes, se démarquant de la Hongrie ou de la Slovaquie.

Un fan de Trump

«J'ai vraiment peur qu'on se retrouve avec Simion» au soir du scrutin, témoigne dans les rues de Bucarest Oana Diaconu, informaticienne de 36 ans, s'inquiétant de son caractère imprévisible et de ses diatribes contre l'UE. Les bureaux de vote ouvrent à 07H00 (05H00 GMT) et ferment à 21H00. Des sondages à la sortie des urnes sont attendus peu après.

Ce scrutin est porteur de lourds enjeux, même si le poste de président est essentiellement protocolaire. La Roumanie, partageant une frontière de 650 kilomètres avec l'Ukraine et bordée par la mer Noire, joue un rôle stratégique «vital», rappelle dans une étude le groupe de réflexion New Strategy Center. Tant pour l'Otan, dont elle abrite plus de 5.000 soldats, que pour le transit des céréales ukrainiennes.

«La démocratie roumaine est en danger pour la première fois depuis la chute du communisme en 1989», analyse pour l'AFP le politologue Cristian Parvulescu. Avec «une donne qui s'est compliquée» depuis la victoire de Donald Trump aux élections américaines.

George Simion, parfois coiffé d'une casquette rouge siglée Trump, ne cache pas son admiration pour le milliardaire et espère profiter de ce vent favorable aux courants ultra-conservateurs. Il est notamment contre toute aide militaire à Kiev qui l'a banni pour ses activités «anti-ukrainiennes», contre «la bulle corrompue» de Bruxelles, ou encore les droits des LGBT+. Le responsable coche toutes les cases d'une politique illibérale et nationaliste, prônant une Roumanie «plus patriote».

Les autres candidats 

Malgré une faible cote de popularité, Marcel Ciolacu, soucieux de renvoyer l'image d'un homme humble et autodidacte, espère convaincre avec son message de «stabilité». Sa formation, héritière de l'ancien parti communiste, structure la vie politique du pays depuis plus de trois décennies au gré de multiples scandales de corruption et gouverne actuellement en coalition avec les libéraux du PNL.

En troisième position dans les sondages figure Elena Lasconi, 52 ans, ancienne journaliste et maire d'une petite ville à la tête d'un parti de centre droit, qui pourrait créer la surprise.