Basket : le Trophée Alain Gilles 2024 pour la vice-championne olympique Gabby Williams
Dire que le scrutin a été serré relève de l'euphémisme. En fait, c'était même le plus serré de l'histoire du Trophée Alain Gilles, qui récompense chaque saison le basketteur (ou la basketteuse) français de la saison écoulée. Un prix créé en 2015 et dont Victor Wembanyama était le dernier lauréat. Jusqu'ici, deux femmes en avaient hérité, Céline Dumerc en 2017 et Laëtitia Guapo, en 2022. Elles sont désormais trois : Gabby Williams succède à «Wemby».
Brillantissime lors de Paris 2024, la native de Sparks (Nevada) a (très) activement participé à la conquête de l'argent olympique à la tête de l'équipe de France féminine l'été dernier. Une campagne au presque parfait pour les filles de Jean-Aimé Toupane, qui ont fait trembler Team USA jusque dans les derniers instants de la finale, le 11 août dernier. Défaite 66-67, avec un tir (presque) primé de Williams à la dernière seconde. La Franco-Américaine a mordu la ligne à trois points pour quelques centimètres… Frustrant au possible. «Perdre une finale d'un point, être si proches de marquer l'histoire... À la limite, on est au point de se demander si ça n'aurait pas été moins dur, plus facile à encaisser, si on avait perdu de 10 ou 12 points», soufflait l'international tricolore Valériane Ayayi, pour Le Figaro.
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Ce que j'ai vécu aux Jeux ce sont des choses qu'on ne vit qu'une fois dans une vie.
Gabby Williams
Gabby Williams voit du positif dans cette déception, elle qui vise à changer les mentalités. «Ce que j'ai vécu aux Jeux ce sont des choses qu'on ne vit qu'une fois dans une vie», assure-t-elle au sujet de la campagne olympique, rappelant que les Bleues n’ont «toujours rien gagné ! Donc bien sûr, je suis heureuse et fière de nos résultats. Mais j'ai envie de plus. D'un autre côté, en ce moment, je suis concentré sur Fenerbahçe. Il y a cinq trophées à gagner. J'en ai déjà un (la supercoupe d’Europe, NDLR). C'est à ça que je pense». Et d’ajouter : «.Je sens que ce groupe croit vraiment qu'on peut être la meilleure équipe du monde. Il faut avoir ce sentiment d'être la meilleure équipe pour gagner l'or».
Toujours est-il que Williams avait terminé en tête au scoring (15,5 pts/match), aux passes décisives (4,8) et aux interceptions (2,8) chez les Bleues au cours de cette épopée olympique à Lille et Paris. Taulière, au sein d'une équipe où le «nous» a largement pris le pas sur le «je». «Ce résultat est la combinaison de l'humain et de la rigueur du travail», saluait le sélectionneur des guerrières tricolores, Jean-Aimé Toupane, après la cruelle finale face aux États-Unis.
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Plusieurs recomptages
Joueuse de l'Asvel la saison dernière et du Fener aujourd'hui, tout en défendant les couleurs du Storm de Seattle en WNBA, «Spooky» a récolté 130 points dans ce suffrage auquel Le Figaro a participé. Un vote qui a d'ailleurs nécessité plusieurs recomptages. Suspense jusqu’au bout. Au-delà de son propre mérite, Gabby Williams a aussi bénéficié de la division des votes chez les messieurs, elle qui a devancé Guerschon Yabusele (125 pts), Mathias Lessort (114 pts) et Victor Wembanyama (114 pts), tous acteurs majeurs de la spectaculaire métamorphose des Bleus, eux aussi argentés à Paris 2024. «19 des 25 votants l'ont placé dans leur tiercé de la saison», précise-t-on à la FFBB.
«Je n'en reviens pas ! Ce sont de grands joueurs et moi je suis fan. Après la déception de la finale des Jeux olympiques j'ai vraiment ressenti à quel point nous avons fait vibrer les gens, à quel point ils ont été inspirés. Aujourd'hui encore on me parle de ce match. Ça me touche. C'était vraiment mon but de rendre fière la France pendant les Jeux», souligne la lauréate, qui estime que cette finale épique face aux Américaines «était un moment important pour le basket féminin. L'attention autour de nous a fait qu'on a pu marquer les gens, leur offrir des souvenirs».
Au-delà des JO, Yabusele a en plus contribué à la conquête du titre de champion d'Espagne avec le Real, défait en finale de l'Euroligue par le Panathinaikos de… Lessort. «Wemby» a quant à lui hérité du titre de Rookie de l'année en NBA, terminant deuxième dans les votes pour le trophée de Meilleur défenseur de la ligue nord-américaine remporté par Rudy Gobert.
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Il y a des choses plus importantes que le basket dans la vie.
Gabby Williams
Membre du cinq majeur des JO et meilleure défenseuse du tournoi, Gabby Williams n'est d'ailleurs pas celle qui a obtenu le plus de votes à la première place, loin s'en faut, elle qui n'a ajouté aucune ligne à son palmarès en club au cours de la saison écoulée. «La saison a été compliquée avec Lyon. J'avais des problèmes personnels. Pourtant je faisais une bonne saison et j'étais déçue de partir parce que je savais que l'équipe avait besoin de moi. Mais il y a des choses plus importantes que le basket dans la vie. Les Jeux c'était une deuxième chance de jouer devant le public français. Cela a sans doute changé la perception de mon année. Je ne vais pas en garder que de mauvais souvenirs», glisse Gabby Williams, qui n'en reste pas moins légitime pour succéder à Victor Wembanyama.
Le palmarès du Trophée Alain Gilles :
2024 : Gabby Williams
2023 : Victor Wembanyama
2022 : Laëtitia Guapo
2021 : Nicolas Batum
2019 : Rudy Gobert
2018 : Fabien Causeur
2017 : Céline Dumerc
2016 : Nando De Colo
2015 : Nando De Colo