« Après avoir été habillés par leur mère, ils le sont par leur petite amie » : ces trentenaires sous tutelle vestimentaire
On pensait ces jeunes hommes élevés aux blogs de mode, enfin émancipés en matière de style. Pourtant, l’immense majorité s’en remettent encore à leur copine pour acheter leurs vêtements griffés Octobre Éditions, Autry et Balibaris.
Passer la publicité Passer la publicitéIl n’y a pas encore si longtemps, il était mal vu pour un homme d’être à la mode. C’était même craindre pour sa virilité que de faire preuve d’originalité. Mais ça, c’était avant, avant l’hégémonie du streetwear vers 2010 qui a influencé une génération de garçons beaucoup plus à l’aise avec les marques, l’allure, les coupes, les couleurs, les imprimés, etc. Ils ont aussi beaucoup appris de l’élégance masculine voire sartoriale, à travers les blogs type Bonne Gueule et le magazine L’Étiquette. Les plus jeunes ont même été élevés aux influenceurs, présentant chaque jour leur OOTD (pour Outfit Of The Day, la tenue du jour), qui ont balayé leurs derniers complexes vis-à-vis du «look». D’autant que le genre masculin connu pour détester faire du shopping a trouvé dans le commerce en ligne la meilleure des alternatives... Alors pourquoi ces trentenaires libres d’avoir leur propre style, s’en remettent-ils encore à leur moitié pour s’habiller ? Et pourquoi ces dernières ne jurent que par Octobre Éditions?
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«Parce que je ne sais pas ce qui me va, tranche Guillaume, 33 ans. Je confie cette mission à ma copine. Étant donné qu’elle est une grande fan de Sézane, c’était évident qu’elle allait me faire des paniers Octobre Éditions. Et maintenant, j’ai des compliments sur mon look.» Octobre Éditions, c’est donc la déclinaison masculine de la marque Sézane, créée sur le même modèle: une digital brand maîtrisant les réseaux sociaux et le principe de communauté engagée ; un ADN classique et casual, au bon rapport qualité-durabilité-prix ; et surtout, une façon de présenter les collections par lookbook qui incite l’internaute à acheter non pas une pièce, mais toute la tenue... «C’est ainsi que la Madame Tout-le-monde de Sézane a inventé son compagnon, le Monsieur Tout-le-monde d’Octobre Éditions», résume en plaisantant, Simon, 28 ans qui fait partie de ces jeunes hommes sous tutelle vestimentaire.
« Je prends l’exemple de mon petit frère qui est fan de basketball, témoigne Théo, 26 ans. Il avait un style plutôt streetwear, il portait des hoodies et des jeans larges. Et puis, il a rencontré sa copine qui venait d’une bonne famille. Au fur et à mesure des Noëls et des anniversaires, elle lui offrait des chemises Balibaris , des baskets Autry et des polos Octobre Éditions. Au début, il n’aimait pas, mais petit à petit, il s’en est acheté lui-même. Aujourd’hui, il ressemble à tous les types que l’on croise dans la rue. » Est-ce grave docteur? Pas franchement, ce stéréotype que l’on retrouve de Paris à Lyon et Marseille incarne à l’ère d’Emily in Paris, le «French guy» en pantalon de ville (et non en survêtements) et tennis immaculées (et non pas des baskets XXL), de bonne famille et plutôt romantique. En résumé, le personnage de Gabriel (Lucas Bravo) dans la série américaine, qui n’est autre que l’idéal masculin de bien des jeunes femmes. Ce qui explique que nombre d’entre elles habillent, consciemment non, leur conjoint de manière quasi identique...