Paris 2024 : Lucas Mazur, l'affirmation d'un immense guerrier du parabadminton

Il s'inscrit un peu plus dans la légende de son sport. Avec maestria, Lucas Mazur a mené à bien la défense de son titre paralympique en simple, lundi 2 septembre, dans la catégorie SL4, réservée aux athlètes avec un handicap affectant un membre inférieur. Et ce, une dizaine d'heures seulement après s'être paré de bronze en double mixte avec Faustine Noël. Presque la routine pour le badiste tricolore, qui avait déjà réalisé une prouesse similaire à Tokyo. 

Si le bilan est légèrement moins bon, car la paire avait pris l'argent il y a trois ans, ces deux podiums parisiens garderont une saveur inégalée pour Lucas Mazur. Celle d'une mission accomplie à domicile, devant des tribunes de l'Arena Porte de La Chapelle qui n'avaient d'yeux que pour lui. Malgré l'horaire matinal, elles ont d'ailleurs répondu présent dès son premier rendez-vous du jour pour accompagner la paire vers la victoire contre les Thaïlandais Siripong Teamarrom et Nipada Saensupa.

Une belle récompense pour les deux joueurs après plusieurs stages ensemble – une semaine tous les mois environ – et des séances de préparation mentale pour retrouver leur connexion d'antan sur le terrain. "On avait un groupe ultra difficile, dont on a réussi à se sortir, mais il y avait plus fort cette année, donc on n'a vraiment pas de regrets", assurait Faustine Noël dans la foulée de leur succès, alors qu'elle expliquait encore récemment avoir du mal à trouver sa place aux côtés de son partenaire, souvent trop "dominant" dans l'échange.

"Une magnifique médaille de bronze ici devant nos familles, ça n'a pas de prix", confirmait de son côté Lucas Mazur, déjà tourné vers son deuxième objectif. La veille, le Loirétain n'avait pas caché sa frustration face à cet enchaînement peu propice à la récupération. Mais à le voir avaler une banane en zone mixte sur les coups de 10 heures, puis se servir de la peau comme d'un micro tendu vers sa comparse pour faire rire les journalistes, il avait visiblement anticipé son programme avec sérénité. A savoir faire des soins, retourner au village pour déjeuner, se reposer et faire de l'analyse vidéo.

Vocabulaire martial et physique de golgoth

Pas émoussé pour un sou en finale du simple, l'athlète de 26 ans a vite pris l'ascendant face à l'Indien Suhas Lalinakere Yathiraj, celui qui lui avait déjà barré la route d'un quatrième titre mondial en février en l'éliminant en demi-finales et contre qui il avait donc un compte à régler. "Cette défaite m'a fait du bien, ça m'a permis de me remettre en question", jugeait a posteriori le champion, qui a changé d'entraîneur et de lieu d'entraînement à quatre mois des Paralympiques. Un choix vite payant, car il a ensuite gagné deux finales d'Open en Espagne et en Ecosse contre son rival.

Lundi, Lucas Mazur a encore prouvé qu'il n'était pas du genre à simplement rentrer sur le court pour disputer un match de badminton. Non, lui était là pour "combattre dans l'arène", "conquérir" et "asseoir sa domination" sur sa discipline, selon les termes choisis tout au long de la semaine écoulée. "Il a un mental d'acier, c'est un guerrier toujours prêt à en découdre. Dans son regard, tu vois qu'il veut 'tuer' ses adversaires, ça leur met beaucoup de pression", rappelait fin août son coéquipier Charles Noakes, qui le considère comme "son mentor".

Paralympiques 2024 - Badminton : Lucas Mazur : "J'ai encore envie d'aller chercher un autre titre dans quatre ans"

Il faut dire que ce fan de football, inconditionnel ultra de Toulouse, en impose par son physique robuste, 1,92 m sous la toise. "Il a un gabarit hors-normes pour les Paralympiques, où l'on imagine toujours des athlètes touchés physiquement. Il en joue très bien en impressionnant ses adversaires ou en se posant près de l'arbitre", analyse Elisa Chanteur, responsable du parabadminton de haut niveau à la fédération française.

Victime d'un AVC à ses trois ans, à l'origine d'une raideur de sa cheville droite, Lucas Mazur a même longtemps fouetté les volants avec les valides. Tandis que sa discipline faisait son apparition aux "JP", son titre à Tokyo l'a fait changer de statut – "je suis passé de quasi-inconnu à la une de L'Equipe" – pour finalement devenir une sorte de grand frère pour l'ensemble de l'équipe de France.

"C'est un levier de motivation, parce qu'il est là dans les bons et les mauvais moments. Il a su m'apprendre à devenir un champion avec ses astuces. On le remercie pour tout ce qu'il nous a transmis pour nous aider à devenir de grands athlètes."

Charles Noakes, parabadiste engagé en finale du simple SH6

en zone mixte

Ce rôle de leader, Lucas Mazur l'a de fait aussi rempli avec brio, puisque Charles Noakes est certain de repartir au moins avec une médaille d'argent, qui relève déjà de l'exploit alors qu'il n'a jamais remporté de titre majeur. Pour conclure sa journée parfaite, il espère donc voir son coéquipier l'imiter en décrochant l'or à l'issue de sa finale SH6 contre le Britannique Krysten Coombs, lundi à partir de 21h10.