Un samedi soir «monstrueux» : la finale de la Ligue des Champions, un jackpot mitigé pour les restaurateurs parisiens
Grégory Brault n’en revient toujours pas. Ce lundi 2 juin, au lendemain d’un week-end marqué par la victoire du PSG lors de la finale de la Ligue des Champions, ce restaurateur parisien fait les comptes, des étoiles dans les yeux. Sans surprise, le beau score du club de la capitale a été suivi par de nombreux amateurs du ballon rond, qui se sont installés en terrasse, à travers la ville, pour suivre le match. De quoi faire les bonnes affaires des commerçants.
Patron de Ma Cocotte Du Faubourg, situé rue du Faubourg Montmartre (9e arrondissement), Grégory Brault a ainsi vécu un samedi soir «monstrueux». Adossé au bar où trône une copie de la coupe de la Ligue, il raconte, les yeux encore pétillants, le carton plein réalisé ce soir-là. Au moins 180 personnes se sont entassées dans son bar, qui ne peut normalement accueillir que 100 clients en même temps. Un chiffre qui ne compte pas «l’amas» de personnes devant le restaurant. «C’était la fête nationale», exulte le gérant, dont le chiffre d’affaires a été multiplié par 2,5 sur la soirée. Plébiscitée par les clients, la bière représentait 80% des commandes, contre 20% pour les boissons sans alcool.
Ma Cocotte Du Faubourg est loin d’être le seul bar à avoir vécu une aussi belle soirée grâce au match opposant le PSG à l’Inter Milan. «Tous ceux qui ont un écran ont bien bossé», explique le patron, qui a même conseillé au vendeur de kebab voisin d’en acheter un pour l’occasion. À quelques centaines de mètres de là à l’Indiana, boulevard de Bonne Nouvelle, même ambiance. «Tout était réservé une semaine avant le match, confie Nouha, employée du bar. Les gens faisaient la queue dès 17h30».
D’autres lieux ont également profité du match «par procuration», grâce à la présence d’un écran dans un bar voisin, attirant une foule importante dans la rue. C’est ainsi le cas de La Comète, qui estime avoir fait 20% de chiffres d’affaires en plus par rapport à un samedi normal grâce à son voisin d’en face. Même constat dans le café M, rue de Maubeuge (9e arrondissement), où Émilien Pierrel, 21 ans, a servi un bon nombre de pintes. «C’était l’équivalent d’une finale de coupe de monde, en termes d’affluence et de consommation constate-t-il. En même temps, ça fait 30 ans qu’on l’attendait !».
Des fermetures «par mesure de précaution»
La soirée, qui démarrait bien, a parfois été écourtée par la flambée de violences qui s’est manifestée dans la soirée de samedi à dimanche. Le café M, ainsi, a gardé un chiffre d’affaires proche «d’un bon samedi», car l’établissement a dû fermer dès minuit au lieu de 2h, en temps normal, afin d’éviter les débordements. Une fermeture imprévue qui a aussi été décidée du côté du café-restaurant Le Brébant. «Par mesure de précaution», l’établissement, en principe ouvert toute la nuit, a baissé le rideau dès minuit, face à l’afflux dans le boulevard Poissonnière.
Ces fermetures volontaires s’ajoutent à d’autres, exigées par les autorités pour prévenir d’éventuels débordements. La préfecture avait par exemple fait fermer les commerces aux abords des Champs-Élysées, parfois dès le samedi 19h, et dans certains cas jusqu’au lundi matin. Ces affrontements et dégradations ont donc pesé sur le chiffre des restaurateurs, qui ont, eux aussi, pâti de ces actes condamnables. «On ne peut pas fermer les établissements à chaque fois qu’il y a un événement à Paris» déplore constate Frank Delvau, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) île de France.
Ces mesures de précaution n’ont pas suffi à endiguer les violences, alors que 563 interpellations ont été comptabilisées sur l’ensemble du territoire national, dont 491 dans l’agglomération parisienne et 392 à Paris. Certains professionnels ont vu leurs terrasses détruites, constate Frank Delvau. Un adhérent de l’Umih, dont le restaurant se situe proche de la place des Ternes, a vu sa terrasse saccagée et sa vitre cassée. Un autre, dans le 6e, place Saint-Michel, a dû fermer avant le match face aux dégradations. «C’est une catastrophe», déplore le représentant des professionnels, qui s’interroge sur d’éventuels dédommagements.