Yémen: l’émissaire de l’ONU s’inquiète d’une «dangereuse escalade» entre Israël et les Houthis

Alors que l’armée israélienne a mené plusieurs frappes en représailles à des attaques des rebelles houthis, l’émissaire de l'ONU pour le Yémen s'est inquiété mercredi de la «dangereuse escalade» entre Israël et le groupe yéménite.

«Les événements des dernières semaines servent de rappel brutal du fait que le Yémen est piégé dans des tensions régionales plus larges», a déclaré Hans Grundberg lors d'une réunion du Conseil de sécurité. «L'attaque menée par Ansar Allah (nom officiel des Houthis, ndlr) le 4 mai contre l'aéroport Ben Gourion et les frappes israéliennes qui ont suivi contre le port de Hodeida, l'aéroport de Sanaa et d'autres lieux représentent une escalade dangereuse, et les menaces et les attaques, malheureusement, continuent», a-t-il ajouté.

Appel à l’évacuation de trois ports

Le 4 mai, un missile houthi avait, pour la première fois, touché le périmètre de l'aéroport international Ben Gourion, près de Tel Aviv. En représailles, l'armée israélienne a mis hors service l'aéroport de Sanaa et bombardé des stations électriques et des cimenteries le 6 mai. Après avoir annoncé avoir intercepté un nouveau missile, l'armée israélienne a appelé ce mercredi à évacuer trois ports contrôlés par les Houthis.

Malgré ses inquiétudes, Hans Grundberg a salué le récent accord de cessez-le-feu entre les rebelles et les États-Unis, «une désescalade nécessaire et importante en mer Rouge». Cette annonce «est une opportunité bienvenue sur laquelle nous devons nous appuyer pour nous reconcentrer sur la résolution du conflit au Yémen», a-t-il noté.

Une situation humanitaire qui «se détériore»

Affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens, les Houthis ont revendiqué des dizaines d'attaques de missiles et de drones contre Israël depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza. Le groupe rebelle a également attaqué des navires considérés comme liés à Israël en mer Rouge, par où transite environ 12% du commerce mondial. Ils avaient élargi leur campagne en ciblant des navires liés aux États-Unis et au Royaume-Uni après le début de frappes menées par les deux pays en janvier 2024.

Le chef des opérations humanitaires de l'ONU Tom Fletcher s'est quant à lui alarmé de la situation humanitaire qui «se détériore» au Yémen, avec notamment la moitié des enfants du pays (2,3 millions) souffrant de malnutrition. Avec la chute des contributions des pays donateurs, notamment les États-Unis, «nous manquons de temps et de ressources», a-t-il souligné.

Dans ces conditions, des programmes de nutrition qui traitaient 350.000 enfants et mères ont déjà dû fermer dans des zones contrôlées par les Houthis, et 400 centres de santé, dont 64 hôpitaux, vont devoir cesser leurs opérations, «avec un impact sur 7 millions de personnes», a-t-il estimé.