«Une ville particulièrement bruyante» : à Marseille, la métropole veut lutter contre les nuisances sonores

«Une ville particulièrement bruyante» : à Marseille, la métropole veut lutter contre les nuisances sonores

Le plan a été adopté jeudi 5 décembre, sous réserve des résultats d’une consultation publique qui se tiendra du 9 décembre au 9 février. PHILIPPE MERLE / AFP

Ce plan de prévention du bruit dans l’environnement (PPBE) vise à réduire la pollution sonore générée sur la route, dans les airs et par les voies ferroviaires. Plus de 280.000 personnes y sont encore exposées au sein de la métropole d’Aix-Marseille.

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C’est la deuxième source de pollution dans le monde après la qualité de l’air, et elle concerne aussi Marseille. Toute personne ayant un jour mis les pieds dans la cité phocéenne peut l’attester : la deuxième ville de France est minée par les nuisances sonores en tout genre, qu’elle provienne du klaxon des voitures, des pots d’échappements de certains deux-roues ou encore du bruit générés par le transport de marchandises.

«Marseille et son centre-ville sont particulièrement bruyants par rapport aux autres communes de France», confirme Pierre Gallouin, délégué bruit chez France Nature Environnement dans les Bouches-du-Rhône (FNE 13) et président de l’association Chutt. «Dans la société française, le bruit provient essentiellement de la voiture. Et à Marseille, la voiture est reine», poursuit l’expert en pointant du doigt les «réticences» du personnel politique à agir pour lutter contre ce type de pollution.

Au niveau de la métropole, dont le territoire englobe Marseille et ses communes avoisinantes, plus de 280.000 personnes sont aujourd’hui exposées à ces nuisances sonores. 50.000 «points noirs» concentrant le pire de ce bruit ont été recensés par les services de la collectivité présidée par Martine Vassal. De quoi motiver la métropole à lancer un plan de prévention du bruit dans l’environnement (PPBE) échelonné sur cinq ans.

Phase de consultation publique

«C’est un plan qui s’inscrit dans la continuité de ceux qui ont été lancés pour le climat et la mobilité. On y travaille depuis plusieurs années», souligne Amapola Ventron, vice-présidente de la métropole d’Aix-Marseille-Provence déléguée à la protection de l’environnement, auprès du Figaro. «La pollution sonore est reconnue depuis des années par notre observatoire du bruit. Les nuisances sonores liées au routier arrivent en tête, suivies du bruit généré par l’aérien et le ferroviaire», poursuit l’élue en évoquant les «axes» du plan.

«Nous cherchons à préserver l’environnement des habitants de la métropole déjà épargnés par le bruit en évitant de faire émerger d’autres “points noirs”. Il faut également donner la possibilité à chaque habitant de se retrouver à 15 minutes d’une “zone calme”», précise Amapola Ventron. «C’est un plan ambitieux car on revient de très loin sur la pollution du bruit. On est en train de transformer notre territoire et c’est un élément essentiel à la santé de Marseille», souffle la vice-présidente de la métropole.

Présenté en conseil métropolitain jeudi 5 décembre, le plan a été adopté par les élus, sous réserve de l’application d’une phase de consultation publique qui se déroulera du 9 décembre au 9 février prochain. En cas de retours positifs, le PPBE devrait être appliqué dès le mois de juin 2025. «Il y a du retard sur les actions à prendre et une absence quasi complète de contrôle en matière de bruit par les autorités en France», regrette Pierre Gallouin.

À Marseille, il faut mettre en place une politique plus générale qui englobe également l’urbanisation

Pierre Gallouin, délégué bruit chez France Nature Environnement dans les Bouches-du-Rhône (FNE 13) et président de l’association Chutt

«Les administrations sont peu équipées juridiquement afin d’aller dans ce sens. À Marseille, il faut mettre en place une politique plus générale qui englobe également l’urbanisation. Cette dernière est complètement débridée à l’échelle de la métropole, où les permis de construire sont adoptés alors que la voirie n’est pas adaptée. Par exemple, les trottoirs sont généralement trop petits et les piétons se font frôler. Cela n’incite pas les gens à délaisser la voiture, qui continue de générer toujours plus de bruit», lance l’expert.

Le monde associatif marseillais regrette en outre de ne pas être mêlé aux travaux des pouvoirs publics tout en plaidant pour plus de «coopération» avec la métropole d’Aix-Marseille-Provence. «On souhaite être partie prenante de ces projets. C’est dommage qu’ils n’aient pas eu l’idée d’ouvrir tout cela aux autres collectivités publiques, aux entreprises et aux associations», plaide-t-il.