Qui est Nekfeu, l’idole discrète du rap, accusé de violences sexuelles ?

« Je connais les risques de l'amour mais j'ai toujours l'amour du risque », chantait le rappeur Nekfeu en 2018, dans son titre Risibles amours. La vie de l’artiste de 34 ans, qui évoque la profondeur de ses relations amoureuses dans sa chanson Galatée et la quête de sincérité dans Plume, se retrouve involontairement sur le devant de la scène. Depuis une semaine, le rappeur est accusé de « violences psychologiques, sexuelles et physiques » par son ex-compagne. Cette dernière affirme que les faits auraient été commis durant leur relation, soit pendant près de quatre ans. Dans une déclaration publiée par son avocate sur X, Nekfeu, de son vrai nom Ken Samaras, précise que ces accusations avaient déjà été classées sans suite par la justice et coïncident avec l’interpellation de la plaignante pour la disparition inquiétante de son fils de 3 ans.

« Attendez, Nekfeu à un enfant ? », s’interroge un internaute, visiblement plus préoccupé par la vie privée du rappeur que par les accusations. Nekfeu - le Jean-Jacques Goldman du rap français- cultive son image discrète et la plupart de ses fans découvrent aujourd’hui l’existence de son ex-compagne et de son enfant. Contrairement à de nombreux rappeurs (comme Jul, Ninho ou Booba), il refuse presque toutes les interviews et a même quitté les réseaux sociaux en 2019. Sa dernière apparition sur scène remonte à 2022.

Artiste aux influences variées, de Brassens à Tolstoï, Nekfeu aborde dans ses textes des thèmes tels que la vie urbaine, les relations amoureuses et l’impact des technologies sur la santé mentale des jeunes. Il se place comme un fervent opposant politique de l’extrême droite. En dix ans, il a sorti trois albums solo, tous couronnés de succès, son dernier atteignant le double disque de diamant (un million de ventes). Il a également collaboré avec des artistes comme Clara Luciani et Vanessa Paradis, et fait ses débuts au cinéma en 2017 aux côtés de Catherine Deneuve dans Tout nous sépare.

Des débuts dans des collectifs de rap parisien

Originaire de la banlieue de Nice, Ken Samaras débute sa carrière à Paris dans les collectifs S-Crew, 1995 et L’Entourage. En 2015, son premier album Feu rencontre un succès fulgurant. On verra est son titre le plus écouté aujourd’hui avec 137 millions d’écoutes sur Spotify. Reconnu pour sa douceur et sa poésie, Nekfeu se distingue des stéréotypes du rap, ce qui lui vaut parfois des critiques. En septembre 2015, Nekfeu est étrillé par Yann Moix sur le plateau d’« On n’est pas couché » : « On a l’impression que c’est des mecs qui prennent du crack mais dans la cour de récréation du Petit Nicolas. C’est de l’ultra-violence sur de la gentillesse de Bisounours. » Nekfeu répond avec calme : « La paix intérieure est une de mes inspirations. Je suis content d’avoir rendu ma violence douce à vos oreilles. »

Son deuxième album, Cyborg, sort en 2016 et aborde la relation souvent toxique des jeunes à la technologie, tout en confirmant son éloignement médiatique. Le média Interlude , spécialisé dans l’actualité de la culture pop et urbaine, estime quatre ans après sa sortie que « Cyborg reste un ovni du rap français». En 2019, il annonce la sortie des Étoiles vagabondes. Le jour de sa sortie, il publie son troisième albums du même nom, qui lui permet de devenir l’un des rares rappeurs à obtenir trois disques de diamant. En 2022, il fait ses dernières apparitions sur scène aux côtés de ses amis rappeurs Laylow et Dinos. 

« Cyborg reste un ovni du rap français. »

Interlude, média spécialisé dans la culture pop et urbaine.

Aujourd’hui, alors qu’il élève son fils, il annonce être en procédure de divorce depuis trois ans. Dans son communiqué, il déclare : « [Mon ex-compagne] a essayé de se servir de notre enfant pour m’atteindre. C’est dans ce contexte que la garde de notre enfant m’a été confiée. »  Les accusations à son encontre pourraient-elles ternir son image si lisse ? Nekfeu semble conscient que sa crédibilité est en jeu  : « J’ai moi-même un jour dit avec aplomb qu’il n’y avait pas de fumée sans feu sur ce sujet, mais la vie m’a montré qu’en de rares occasions, d’autres motivations pouvaient entrer en jeu, c’est mon cas aujourd’hui. »