Au musée Grévin, le vol de la statue de Macron sonne-t-il la fin des hommes politiques en cire ?

Avec ou sans la statue d’Emmanuel Macron, la politique s’invite à Grévin. Lundi 2 juin, aux alentours de 10 h 40, la statue du président de la République a été subtilisée par un groupe d’activistes de l’ONG Greenpeace se faisant passer pour des visiteurs ordinaires. Si les militants ont assuré au directeur que la statue reviendrait intacte au musée, l’épisode ravive une question sensible : faut-il continuer de faire des statues de figures politiques ?

Leurs sacs fouillés à l’entrée comme le veut la procédure, ils n’ont suscité aucun soupçon. « Ils ont prétexté qu’une statue était tombée dans une pièce pour détourner la surveillance de notre agent de visite pendant quelques minutes. Ils ont ensuite pris la statue de Macron et sont partis par une issue de secours », explique Yves Delhommeau, directeur général du Musée Grévin. Les militants de Greenpeace ont ensuite déposé leur butin devant l’ambassade de Russie en signe de protestation contre les liens économiques de la France avec la Russie.

On se retrouve embarqués dans des polémiques qui ne nous concernent pas directement

Yves Delhommeau, directeur général du musée Grévin.

Le musée se présente en tant que victime collatérale. « C’est éprouvant. On se retrouve embarqués dans des polémiques qui ne nous concernent pas directement, déclare Yves Delhommeau. Ce n’est pas la première fois : la statue de Vladimir Poutine avait été poignardée par une Femen en 2014. Elle a ensuite été retirée en 2022. Celle de Georges Marchais, en son temps, avait été jetée dans la fosse aux ours du Jardin des plantes. »

Pourtant, inscrire le président de la République dans le parcours du musée est une tradition depuis la création du lieu en 1882. « Les chefs d’État français ont toujours eu leur place », indique-t-il. Aux côtés de la statue récemment dérobée d’Emmanuel Macron, les visiteurs peuvent encore se prendre en photo avec les statues de cires de Nicolas Sarkozy, François Hollande, Charles III, Justin Trudeau, Xi Jinping, Angela Merkel, Mohammed VI ou encore du pape François.

À proximité de la salle réservée aux personnalités de l’Élysée, la statue du président américain Donald Trump trône à côté de l’ancien premier ministre du Canada, Justin Trudeau. Simon Pierre/Le Figaro

Une sécurité à repenser 

L’incident met surtout en lumière les limites du dispositif de sécurité du musée, conçu avant tout pour prévenir les incendies. « Les agents sont formés à accueillir les visiteurs, pas à faire face à ce type d’opération », reconnaît le directeur. Les statues, posées sur des tiges amovibles, doivent pouvoir être déplacées pour l’entretien : « Ils l’ont descellée proprement, comme nous le faisons nous-mêmes. »

Pour Yves Delhommeau, un système d’alarme est difficilement envisageable. « Il y a toujours les jours des personnes qui touchent les statues, il ne faut pas que l’alarme s’active à chaque fois, explique-t-il. Ils nous arrivent de renforcer le personnel lorsqu’il y a des manifestations proches du musée par exemple. Mais nous ne pouvons pas le faire en permanence. »

Le musée Grévin pourrait être tenté de suivre l’exemple de son équivalent londonien, Madame Tussauds, qui a choisi depuis plusieurs années de ne plus exposer de figures politiques controversées. À Paris, la tendance semble déjà amorcée. Ces derniers mois, ce sont des personnalités issues de la culture populaire qui ont été mises à l’honneur : l’influenceuse Léna Situations, le chanteur Vianney, la chanteuse Clara Luciani et DJ Snake. Deux nouvelles statues devraient faire leur entrée à Grévin dans les prochains mois. « Ce ne sera pas des personnalités politiques », assure Yves Delhommeau.