Festival de Cannes 2025 : Jodie Foster et la France, une relation passionnée
L'actrice et réalisatrice Jodie Foster fait son retour au Festival de Cannes, à l'affiche d'un film français hors compétition : Vie Privée de Rebecca Zlotowski. Elle y interprète le personnage de Lilian Steiner psychiatre enquêtant sur la mort suspecte d'une de ses patientes. À ses côtés à l'écran : Virginie Efira, Daniel Auteuil ou encore Mathieu Amalric. Sa présence au sein d'une telle production n'a rien d'un hasard. Entre elle et l'Hexagone, c'est une histoire de longue date.
L'amour de la France, de mère en fille
Depuis l'enfance, Jodie Foster baigne dans la culture française, par le biais de sa mère, véritable francophile. Au volant de sa Peugeot 404 verte, Evelyn "Brandy" Foster emmenait la toute jeune, et déjà actrice, Jodie dans les drive-in américains pour l'initier au cinéma étranger, et plus particulièrement français. C'est d'ailleurs ce qui a contribué au développement de son goût pour le cinéma Nouvelle Vague.
Un peu plus tard, lorsque Jodie à 14 ans, les Foster se rendent au Festival de Cannes. Un déplacement qui fait l'effet d'une révélation pour sa mère. "C'est quelqu'un qui n'avait jamais voyagé jusqu'à l'âge de 50 ans et le premier endroit où elle est venue, c'était la France. Elle a dit : 'Ça, c'est pour moi, c'est l'amour. C'est le coup de foudre. On va déménager ici. Tu vas parler français, tu vas faire les films français'", se souvenait, pour nous, l'actrice en 2021.
Un français sans faute made in Los Angeles
La volonté de sa mère semble exaucée : Jodie Foster est souvent présentée comme "la plus francophone des stars hollywoodiennes". Pour cause : elle parle parfaitement la langue de Molière. C'est au Lycée français de Los Angeles, où elle suit des cours dès l'école primaire, qu'elle acquiert ce niveau. Résultat : dès l'adolescence, elle donne ses interviews en français comme dans l'entretien en 1977 sur le tournage de Moi, fleur bleue d'Éric Le Hung sur les quais de seine, à Paris.
Habituée des cinéastes de l'Hexagone
Jouer en français est un défi qui n'effraie donc pas l'actrice. Son rôle dans Vie privée de Rebecca Zlotowski, qui sera présenté lors de la 78e édition du Festival de Cannes, constitue sa cinquième performance dans une production française.
Avant ça, en 1977, elle incarne une adolescente amoureuse sous la caméra d'Éric Le Hung dans Moi, fleur bleue. Sans l'ombre d'un accent étasunien, elle s'illustre aussi dans l'adaptation, par Claude Chabrol, du roman de Simone de Beauvoir Le Sang des autres. Une expérience marquante pour cette amatrice de cinéma Nouvelle Vague, alors seulement âgée de 22 ans. La francophile partage plus tard l'écran avec Gaspard Ulliel et Audrey Tautou dans Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet. Elle tient aussi le rôle principal dans Carnage, version filmique de la pièce de théâtre de Yasmina Reza.
Du plateau au studio de doublage
Sa connaissance, presque exhaustive, de la langue lui permet de se doubler elle-même pour les VF de certains de ses films. C'est par exemple le cas dans Anna et le Roi d'Andy Tennant en 1999 où elle interprète Anna Leonowens, gouvernante à la cour de Siam (actuelle Thaïlande) au XIXe siècle. Elle récidive en 2002 dans Panic Room, le thriller angoissant de David Fincher. Les cinéphiles se souviennent de cette mère et sa fille enfermées dans la "panic room".
Chanteuse d'un soir avec Claude François
Jodie Foster s'est même essayée à la chanson, en français ! Ce qui retient l'attention des spectateurs, c'est son passage télévisé aux côtés de Claude François. Le duo interprétait Comic Strip de Serge Gainsbourg dans l'émission "Les Rendez-vous du dimanche" de Michel Drucker. Une scène surprenante, dérangeante, qui s'inscrit dans la promotion du film Moi, fleur bleue d'Éric Le Hung.
Pour la bande originale du long-métrage, elle interprète le titre Je t'attends depuis la nuit des temps, paroles Pierre Delanoë, musique François d'Aime.
Star de la Croisette adolescente
La nomination en compétition du film Taxi Driver en 1976 mène l'actrice sur les marches du Palais des festivals alors qu'elle n'a que 13 ans. Une expérience pour laquelle elle et sa mère ont dû se mobiliser : "Le studio n'a pas voulu payer mon billet. Il disait que Robert De Niro, Harvey Keitel et Martin Scorsese faisaient le déplacement et que cela suffisait. Ma mère leur a répondu que j'étais la seule à parler français. On a donc débarqué à Cannes", racontait-elle en 2016 au Figaro.
Le film, et notamment son rôle d'une enfant prostituée, semble choquer. "Scorsese et les autres acteurs logeaient au cap d'Antibes et il y a eu un tel débat sur la violence du film, que le président du jury [Tennessee Williams] n'aimait pas, qu'ils sont tous restés cachés là-bas. J'étais la seule sur la Croisette à donner des conférences de presse et à parler aux journalistes." Le film remportait finalement la Palme d'or à l'issue du festival.
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Cannes comme actrice et réalisatrice
Jodie Foster a assisté au Festival de Cannes à huit reprises. Et, comme elle nous en faisait part en 2021, ce n'est pas pour lui déplaire : "Le Festival de Cannes, pour moi, c'est le lieu où sont nés tous ces films et tous ces metteurs en scène, les maîtres, tous ceux qui ont changé ma vie." Comme eux, elle y a d'ailleurs assisté en tant que réalisatrice comme en 2016 avec son long-métrage Money Monster.
L'organisation du festival va jusqu'à la nommer en 2001 présidente du jury de la sélection officielle. Une proposition qu'elle décline "la mort dans l'âme", comme on pouvait le lire à l'époque dans Le Monde, car engagée dans d'autres projets.
La star sera finalement distinguée en 2021 d'une Palme d'or honorifique, scellant son lien fort avec l'institution française du cinéma.
Attachée à l'histoire de France
Le 25 août 2024, la star des écrans était l'invitée d'honneur de la cérémonie de commémoration des 80 ans de la Libération de Paris. De son pupitre, elle a prononcé avec émotion un discours d'hommage aux compagnons, remerciant ceux "qui ont défendu la liberté, la justice et la dignité humaine contre l'esprit de défaite, le nazisme et toutes les formes de fascisme". L'occasion de faire également résonner les mots d'Hubert Germain, dernier compagnon, décédé en 2021, qui désirait voir conservées les "braises de la résistance" afin de transmettre "l'amour de la France et du service de la patrie".
Une présence, témoin de son encrage fort avec l'histoire du pays, mais aussi avec son actualité. Avant le discours, l'actrice, aux côtés de Birane Ba de la Comédie-Française, assistait à l'apparition de la flamme paralympique.
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