Inondations au Texas : pourquoi Donald Trump a-t-il attendu une semaine pour se rendre sur place ?
Donald Trump se rend au Texas ce vendredi 11 juillet, sept jours après que cet État du sud-est des États-Unis a été frappé par des inondations ayant causé la mort d’au moins 120 personnes. La catastrophe, survenue le jour de la fête nationale américaine, a également fait plus de 170 disparus. Alors que de nombreuses polémiques enflent sur la gestion de la crise par les autorités locales et sur l’impact des coupes budgétaires voulues par l’administration républicaine sur les systèmes d’alerte et de secours, la visite du Potus se faisait attendre.
«J’aurais pu y aller aujourd’hui, mais nous aurions été en travers du chemin [des secouristes]», avait déclaré le locataire du Bureau ovale dimanche dernier, au surlendemain de la catastrophe. Faire entrer un président américain dans une zone sinistrée est une tâche ardue, sécurité oblige. Les visites présidentielles nécessitent effectivement un important cortège d’agents des services secrets (USSS) et mobilisent les forces de l’ordre locales, étatiques et fédérales, pourtant nécessaires sur le terrain. De même, un périmètre de sécurité est établi autour des lieux où se rend le président : les routes sont fermées et le trafic aérien suspendu temporairement. Inimaginable en pleine course contre la montre pour sauver des vies. Actuellement au Texas, plus de 2000 sauveteurs, policiers et des équipes cynophiles, appuyés par des hélicoptères, fouillent la zone sans relâche depuis sept jours pour tenter de localiser les disparus, même si les chances de les retrouver vivants sont désormais infimes.
Passer la publicité«Délai d’attente»
«Le rôle du président est notamment d’être le consolateur en chef (...) Mais pour toute catastrophe, il y a un délai d’attente avant l’intervention des élus», expliquait en 2016 Dennis Alpert, en charge entre 1993 et 2001 de l’organisation des voyages du vice-président Al Gore, au magazine Wired .
Dans le même article, à dessein intitulé «Amener le président américain dans une zone sinistrée est plus compliqué qu’il n’y paraît», l’ancien chef de cabinet adjoint de la Fema (Federal Emergency Management Agency), l’agence fédérale qui coordonne l’arrivée des secours sur les zones sinistrées, abondait. «Lorsque les opérations de recherche et de sauvetage sont toujours en cours, que les eaux de crue n’ont pas encore décru, que les premiers intervenants font leur devoir et tentent de comprendre ce qui se passe dans les familles, il est plus judicieux que le président arrive un peu plus tard», expliquait Lars Anderson. A contrario, la ministre de la Sécurité intérieure Kristi Noem s’est rendu sur place dès le lendemain de la tragédie.
Les polémiques Obama et Bush
Ce délai est donc habituel aux États-Unis. En 2017, Donald Trump ne s’était rendu à Porto Rico que le 3 octobre alors que le territoire avait été touché par l’ouragan Maria (2975 morts rien que sur l’île caribéenne) le 19 septembre. Fidèle à lui-même, le républicain avait choqué le monde entier en distribuant à la manière d’un basketteur des rouleaux de papier-toilette aux sinistrés. Plus récemment, au début de l’année, l’actuel locataire de la Maison-Blanche avait attendu le 25 janvier pour se rendre à Los Angeles (Californie) dont plusieurs quartiers avaient été calcinés par d’importants incendies déclarés dix-huit jours plus tôt. En 2022, le président démocrate Joe Biden avait attendu le 5 octobre pour se rendre en Floride après le passage, le 23 septembre, de l’ouragan Ian qui a fait 93 morts.
En 2016, le président démocrate Barack Obama avait attendu le 23 août pour se rendre en Louisiane, État du sud-est durement touché par des inondations (13 morts et 40.000 maisons endommagées) le 12 du même mois. Il avait, à l’époque, été critiqué pour ne pas avoir écourté ses vacances. En pleine campagne électorale, Donald Trump, qui s’était rendu sur place quelques jours avant son prédécesseur, avait fustigé ce dernier, lui conseillant... de «quitter le terrain de golf et de venir ici». Dans les faits, le gouverneur démocrate de l’époque avait, en partie, demandé à Barack Obama de reporter sa visite le temps que les secours avancent dans leur travail et l’avait exhorté à ne pas se rendre sur place uniquement pour faire une séance de photos.
Onze ans plus tôt, Georges W. Bush se retrouvait au cœur d’une polémique après avoir été photographié à bord d’Air Force One observant depuis son hublot les zones dévastées par l’ouragan Katrina en Nouvelle Orléans - qui a traversé plusieurs États du sud des États-Unis, faisant plus de 1800 morts - sans que jamais l’appareil présidentiel ne se pose au sol. Là encore, ses équipes avaient expliqué que le président ne voulait pas perturber les opérations de secours.
Temporalité similaire en France
En France, la temporalité est quasiment similaire. En 2020 par exemple, le premier ministre Jean Castex et son ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’étaient rendus dans les Alpes-Maritimes le 3 octobre, au lendemain du passage de la tempête Alex qui a fait 11 morts en France. Emmanuel Macron avait fait de même quatre jours plus tard en se rendant dans plusieurs communes sinistrées.
Plus récemment, en décembre 2024, le président de la République s’était déplacé à Mayotte cinq jours après le passage du cyclone Chido qui a fait 172 morts.