Du mouvement dans le monde bancaire européen à la veille du réveillon. Née en 2007 de la fusion entre Banca Intesa et Sanpaolo IMI, la banque italienne Intesa Sanpaolo s’apprécie aujourd’hui à plus de 70 milliards d’euros et dépasse BNP Paribas (66,6 milliards) et Santander en Espagne (69,4 milliards). Première banque d’Italie, elle cumule plus de 950 milliards d’euros d’actifs au troisième trimestre 2024. L’institution, cotée à la Bourse de Milan, peut aussi se flatter d’un ratio entre sa capitalisation boursière et sa valeur comptable supérieur à 1 (price-to-book ratio, PBR), autre signe de la confiance des investisseurs dans la valeur future de l’entreprise. Une performance liée au virage vers le numérique entamé en 2022. «L’année 2025 marque la conclusion du plan d’entreprise quadriennal lancé en 2022 et, au printemps, les actionnaires éliront un nouveau conseil d’administration», déclare ainsi l’entreprise.
Virage stratégique
La progression d’Intesa Sanpaolo marque un renversement de la hiérarchie établie ces dernières années parmi les grandes banques de la zone euro en termes de capitalisation boursière. BNP Paribas occupait habituellement la première place, avant d’être dépassée par sa concurrente espagnole Santander en juillet dernier, à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale qui ouvrait une période d’incertitude politique. Portée par sa stratégie 2022-2025, la banque italienne se hisse désormais devant l’Espagnole et clôt l’année 2024 en beauté. Fin octobre, Intesa Sanpaolo a ainsi vu son bénéfice net grimper de 17,1% à 7,16 milliards d’euros sur les neuf premiers mois de l’année, un résultat «record» selon un communiqué relayé par l’AFP. Encouragée dans sa stratégie, la banque «se prépare à une année charnière en révisant à la hausse son objectif de bénéfice net pour 2025, qui devrait atteindre 9 milliards d’euros», au lieu des 8,5 milliards prévus initialement.
Parmi les mesures phares de son plan stratégique, Intesa Sanpaolo avait annoncé fin octobre être parvenue à un accord avec les syndicats prévoyant 9 000 départs volontaires d’ici 2027, soit environ 10% de ses effectifs, pour faire face aux défis posés par la numérisation du secteur et l’intelligence artificielle. L’entreprise prévoit également d’embaucher d’ici juin 2028 «3 500 jeunes en contrat à durée indéterminée» qui s’ajouteront aux embauches «déjà prévues dans le cadre du plan stratégique 2022-2025, soit 4 600 d’ici décembre 2025», avait alors affirmé la banque dans un communiqué. Des engagements qui semblent ravir les marchés : en croissance constante, le cours de l’action est passé de 1,66 euro à 3,86 euros depuis 2022 (+133 %). Autre signe de la confiance des marchés dans les résultats, son ratio price-to-earnings (PER, valorisation boursière divisée par les bénéfices nets) s’élève à 9,13, au-dessus de Santander (6,27), relégué à la deuxième place des banques de la zone euro en termes de valorisation.
Un marché italien porteur
Bien que la performance boursière d’Intesa Sanpaolo soit notable, la taille de ses actifs et son exposition internationale limitée relativisent son impact potentiel sur les marchés financiers. Première en termes de valorisation, la banque établie à Turin et Milan se hisse péniblement à la 13e place de la zone euro pour ce qui est des actifs sous gestion : 950 milliards d’euros contre près de 3 000 milliards pour BNP Paribas et près de 2 000 milliards d’actifs détenus par Santander, respectivement 1er et 3e du classement. Une comparaison aussi valable sur l’exposition aux marchés internationaux, qui permet de relativiser l’influence d’Intesa Sanpaolo sur le secteur bancaire européen.
D’après le rapport du 3e trimestre 2024, la répartition géographique de ses actifs révèle que ceux-ci restent largement concentrés en Italie. En effet, son marché domestique très porteur pour sa filiale Banca dei Territori (47% de son chiffre d’affaires sur le troisième trimestre de 2024), représente 87% de ses actifs. Et pour cause, la forte concentration de PME (99%) parmi les 390 500 entreprises industrielles de la péninsule (chiffres de 2021 relayés par la Direction générale du Trésor) représente un marché particulièrement dynamique. En 2022 par exemple, la Banque de France estimait à 20% la part des PME françaises qui ont eu recours au financement des banques, contre plus de 43,8% en Italie sur la même période d’après l’institut italien de la statistique Istat. L’impact de la banque qui repose avant tout sur sa domination du marché italien au côté d’Unicrédit demeure donc relativement modeste sur le marché bancaire européen, comparé aux mastodontes BNP Paribas ou HSBC.