À Singapour, des cours d’interaction humaine pour adultes
Avec le développement des réseaux sociaux et du télétravail, de plus en plus de jeunes se sentent mal à l’aise lors des échanges directs, en face en face, avec d’autres personnes. À Singapour, une entreprise donne maintenant des cours d’interaction humaine à des adultes qui n’arrivent plus à faire face à leur malaise. Ce programme s’appelle la "School of Yapping", (l’école du yapping). "Yapping", c’est un vieux mot anglais qui signifie discuter sans contrôle, parler un peu trop.
Cette école organise maintenant des cours pour les personnes qui trouvent effectivement que le rapport avec d’autres humains est trop difficile, trop stressant. En théorie, c’est ouvert à tout le monde. Mais dans les faits, les principaux clients sont des jeunes adultes, entre 20 et 35 ans. C’est la génération qui a grandi avec l’explosion de l’usage des smartphones et des réseaux sociaux. Beaucoup ont aussi connu les périodes d’isolement pendant la pandémie de Covid. Et il y a eu, aussi, le boom du télétravail. Ce sont des facteurs qui font que l’interaction à l’ancienne, où on parle en face en face, n’est plus forcément perçue comme naturelle.
À Singapour, beaucoup d’études ont mis en lumière ce malaise de la jeunesse connectée. Une grande enquête de l’Institute of Policy Studies a montré, l’an dernier, que plus de la moitié des 21-34 ans pouvaient ressentir de l’anxiété lors d’un échange direct avec un autre humain. Environ 53% disent maintenant qu’ils préfèrent les échanges en ligne plutôt que les discussions en face-à-face. C’est très différent de la génération de leur parent. Chez les 50-64 ans, 70% préfèrent toujours une bonne conversation à l’ancienne plutôt qu’un échange par smartphone ou par ordinateur.
Apprendre à échanger avec des inconnus ou ses collègues
Le séminaire à l’école du "Yapping" comprend quatre cours de deux heures chacun. Vous payez au total 120 dollars singapouriens, soit 80 euros. Et pour ce prix-là, les spécialistes vont essayer de vous débloquer, de vous désangoisser. Ce sont des groupes d’une trentaine de personnes. Donc, ça commence par des interactions très simples, où on vous apprend à briser la glace avec d’autres inconnus. Comment se présenter ? Comment lancer des conversations légères ? On vous donne des petits trucs pour éviter les silences embarrassants. On vous fait aussi parler de votre travail, qu’est-ce qui vous angoisse, comment il faudrait réagir ? Et plus vous progressez, plus on vous explique comment se comporter au bureau, notamment dans vos échanges avec vos collègues et vos supérieurs. Car beaucoup de ces jeunes expliquent qu’ils ont beaucoup de mal à se sentir jugés en permanence au travail.
Pour l’instant, il y a peu d’endroits où on peut recevoir ce genre de cours d’interactions humaines. Mais le problème est universel. Plein de pays en Asie constatent ce malaise croissant de leur jeunesse connectée. Et c’est aussi le cas en Occident, notamment en Europe.