Nayib Bukele, président tout-puissant du Salvador
Avec plus de 80% d'opinions favorables, la popularité du président du Salvador, Nayib Bukele est indiscutable. Tout comme son triste bilan en matière de droits humains : des milliers de détentions arbitraires et plus de 400 détenus morts dans des circonstances troublantes depuis le début de l'état d'exception en 2022.
Le chef de l’Etat de ce tout petit pays d’Amérique centrale a réussi à braquer tous les projecteurs sur lui, depuis qu’il est devenu un partenaire clé du président américain dans sa politique de lutte contre l'immigration illégale. Nayib Bukele se vante d’ailleurs de sa relation privilégiée avec Donald Trump, pour qui il a accepté de recevoir 260 détenus qualifiés de "terroristes" dans la méga-prison qu'il a fait construire, et qui devient, de fait, une sorte de Guantanamo version 2025.
Mais les polémiques ne s’arrêtent pas là. Le président affiche sans complexes un enrichissement étourdissant : depuis le début de son mandat, il a acheté l'équivalent de 365 hectares de terres, appartements de luxe et autres exploitations agricoles pour une valeur de près de dix millions de dollars. Il a même créé sa propre marque de café...
Six ans après son arrivée au pouvoir, et trois ans après la mise en place de l’état d'exception - officiellement afin de faire la guerre aux gangs criminels -, où en est le Salvador ?
Dans ce reportage, nous avons rencontré des familles de victimes de ce régime qui a fait du Salvador le pays à la plus haute population carcérale du monde - une personne sur 57 est incarcérée aujourd’hui.
Il y a quelques années, Nayib Bukele promettait aux Salvadoriens de se débarrasser des gangs qui terrorisaient le pays. Mais désormais, dans ses discours, il désigne comme ennemi numéro un la société civile : les ONGs, les journalistes, et toutes les voix critiques de son régime.