À Marseille, Macron et Modi renforcent davantage le partenariat franco-indien

Le Premier ministre indien se rend, mercredi 12 février, à Marseille, point saillant de sa visite en France. Emmanuel Macron l'accompagne pour un déplacement sur le chantier du réacteur expérimental de fusion nucléaire Iter, à Saint-Paul-lès-Durance.

Jouxtant le site nucléaire du CEA de Cadarache, à 70 km de là, ce projet international qui vise à révolutionner la production d'énergie implique notamment New Delhi. Les deux pays pourraient profiter de cette visite pour préciser la nouvelle coopération qu'ils entendent lancer dans le nucléaire civil sur les petits réacteurs modulaires (SMR).

Auparavant, les deux dirigeants ont rendu un hommage aux soldats indiens morts en France pendant la Première Guerre mondiale, au cimetière militaire de Mazargues, dans le sud de Marseille et ont inauguré le nouveau consulat général d'Inde dans la cité phocéenne, acclamés par une petite foule d'expatriés indiens.

Les deux chefs d'État se sont ensuite rendus au siège du géant mondial du transport maritime CMA CGM, sur le port de Marseille, où le PDG Rodolphe Saadé leur a présenté le "fleet center", le centre de navigation d'où est gérée la flotte de l'armateur, soulignant les liens de la compagnie avec l'Inde.

Les deux dirigeants n'ont fait aucune déclaration lors de ces différentes étapes, mais devaient évoquer le corridor Imec, projet de transport maritime et ferroviaire reliant l'Inde à l'Europe via le Moyen-Orient, qui se veut une alternative aux nouvelles "routes de la soie chinoises".

Dans de brefs échanges à bâtons rompus, Emmanuel Macron a estimé devant son invité que Marseille pouvait "clairement être le point d'entrée vers le marché européen" dans la cadre du projet Imec, qu'il avait qualifié, mardi, de "catalyseur formidable" en clôture d'un forum d'affaires franco-indien, promettant de "mobiliser des projets concrets et des investissements".

Paris espère aussi avancer dans les négociations à plusieurs milliards d'euros sur l'achat par New Delhi d'avions de chasse français Rafale, version marine et de sous-marins Scorpène.

En emmenant Narendra Modi dans cette ville qu'il dit tant aimer, Emmanuel Macron soigne une nouvelle fois sa relation avec le pays le plus peuplé de la planète, déjà invité au défilé du 14-Juillet en 2023.

Mardi soir, les deux hommes ont dîné dans un restaurant triplement étoilé de Cassis, au bord de la Méditerranée, après avoir coprésidé le sommet sur l'intelligence artificielle à Paris.

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"Intimité particulière"

"L'Inde et la France sont deux grandes puissances et ont une intimité particulière [...]. Nous voulons travailler avec les États-Unis d'Amérique, nous voulons travailler avec la Chine, mais on ne veut dépendre de personne", a expliqué le président français dimanche dans une interview télévisée.

"On veut être indépendant", a-t-il insisté, en mettant en avant sa "stratégie indopacifique".

Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre indien Narendra Modi arrivent à l'aéroport de Marseille à Marignane, dans le sud de la France, le 11 février 2025.
Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre indien Narendra Modi arrivent à l'aéroport de Marseille à Marignane, dans le sud de la France, le 11 février 2025. © Laurent Cipriani, AFP

Mardi, Narendra Modi a assuré que ce "partenariat ne se limit[ait] pas" aux relations bilatérales. "Nous travaillons ensemble pour trouver des solutions aux défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés", et "renforcer notre coopération dans tous les domaines", a-t-il dit.

Pour un ancien ministre français, c'est une "bonne intuition" d'Emmanuel Macron, car "Modi, à la tête d'une puissance en devenir, a trouvé une position d'équilibre entre Américains, Chinois et Russes", estime Bertrand Badie, professeur à Sciences-Po. "Il y a une constance rhétorique de la France à vouloir se poser en pont entre le Nord et le Sud".

Mais ce spécialiste des relations internationales prévient aussi qu'à force de vouloir afficher sa proximité avec New Delhi, "cela oblige Macron à passer sous silence la politique intérieure" du Premier ministre ultranationaliste hindou, décrié par ses opposants et des défenseurs des droits humains pour sa dérive autocratique.

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Avec AFP