TEMOIGNAGE. "Protéger notre frontière" : l'armée ukrainienne veut créer une zone tampon dans la région russe de Belgorod, décrit un commandant militaire

En difficulté dans la région russe de Koursk d'où elle se retire progressivement, l'armée ukrainienne n'a pas dit son dernier mot. Les forces de Kiev mènent actuellement une opération militaire toujours en territoire russe mais, cette fois, dans la région voisine de Belgorod afin de créer une zone tampon pour protéger les habitants de la région de Kharkiv. Rencontre avec un commandant de l'armée ukrainienne de retour de cette région russe de Belgorod.

Le commandant Denis Yaroslavsky montre sur son téléphone la zone que l'armée ukrainienne souhaite annexer. Une bande de cent kilomètres de longueur et dix kilomètres de largeur, en territoire russe. C'est exactement le projet du chef du Kremlin, mais de l'autre côté de la frontière. "Poutine voulait créer une zone tampon côté ukrainien. Eh bien, c'est nous qui la créons mais sur le territoire russe, c'est une humiliation pour Poutine", avance le militaire.

Protéger l'Ukraine et peser dans les négociations

Ce commandant des forces spéciales s'amuse de ce pied de nez envers le président russe, d'autant qu'il a très mal vécu la violente altercation entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump à la Maison Blanche, le 28 février dernier. "Comme Trump a dit à Zelensky qu'il n'avait aucune carte en main, l'armée ukrainienne est en train de lui en procurer une pour peser durant les négociations", assure-t-il.

Cette carte, l'Ukraine n'hésitera pas à l'utiliser si besoin, mais ce n'est pas l'idée première : "Ce que l'on veut, c'est éloigner la ligne de front en profondeur sur le territoire de notre ennemi afin de protéger notre frontière." Car une infiltration de l'armée russe menacerait la ville de Kharkiv, située à trente kilomètres plus au sud. Le commandant espère que cette zone tampon sera établie avant le 9 mai prochain, jour des commémorations de la victoire de l'Union soviétique sur l'Allemagne nazie, comme un caillou dans la chaussure de Vladimir Poutine.