Corruption : l’ancien ministre de la Sécurité publique du Mexique condamné à payer 2,4 milliards de dollars

Un ex-ministre de la Sécurité mexicain, Genaro Garcia Luna, condamné pour trafic de drogue aux États-Unis, et sa femme ont été condamnés par un tribunal de Floride à payer 2,4 milliards de dollars dans une affaire de corruption, a indiqué jeudi 22 mai le gouvernement mexicain.

Déjà condamné l’année dernière à près de 39 ans de prison par un tribunal de New York pour avoir protégé le cartel de Sinaloa, l’ex-ministre de la Sécurité publique du Mexique, Genaro García Luna (2006-2012), vient de subir un nouveau revers judiciaire, toujours aux États-Unis, où un tribunal de Floride l’a condamné à payer 2,4 milliards de dollars dans une affaire de corruption.

Habitant depuis 2012 aux États-Unis, l’ancien « super-flic » – principal opérateur de la stratégie de « guerre contre le narcotrafic » mise en place par l’ex-président conservateur Felipe Calderón (2006-2012) – avait été arrêté en décembre 2019 à Dallas, suspecté d’avoir facilité le passage de plusieurs milliers de tonnes de stupéfiants vers les États-Unis pour le compte du cartel dirigé par « El Chapo » Gúzman.

En septembre 2021, le gouvernement fédéral du Mexique avait porté plainte contre lui et son épouse, Linda Cristina Pereyra, les accusant d’avoir mis sur pied « un réseau de corruption et de blanchiment d’argent » qui leur aurait permis d’encaisser près de 746 millions de dollars de fonds publics pendant les mandats successifs des présidents Felipe Calderón et Enrique Peña Nieto (2012-2018).

La femme de García Luna protégée par la justice mexicaine

La sentence du tribunal situé à Miami, qui équivaut à trois fois la somme d’argent pour laquelle le couple García-Pereyra était poursuivi, est considérée comme « un grand triomphe de l’État (mexicain) dans la lutte contre la vénalité et l’impunité » selon La Jornada. Dans son éditorial du samedi 24 mai, le quotidien de gauche considère que cette affaire reflète « à quel point les (anciens) gouvernements néolibéraux étaient (en réalité) de gigantesques opérations criminelles visant à piller la nation ».

Toujours selon La Jornada, l’affaire García Luna devrait aussi servir d’avertissement au président Donald Trump et à son secrétaire d’État Marco Rubio : pour « démanteler les structures de la criminalité organisée transnationale », mieux vaut s’intéresser « aux criminels en col blanc » plutôt que de « s’obséder » avec les migrants.

Alors que Genaro García n’avait jamais été inquiété par la justice de son pays jusqu’à l’arrivée de la gauche au pouvoir (en 2018, avec l’investiture d’Andrés Manuel López Obrador), la présidente Claudia Sheinbaum a pointé le contraste, lors de sa conférence de presse matinale de vendredi dernier, entre la décision du tribunal étasunien et la situation judiciaire de la femme de l’ancien ministre au Mexique, où un tribunal fédéral lui a accordé une mesure de protection « afin qu’elle puisse utiliser librement le système financier » local. « Il est intéressante de souligner qu’ici un tribunal ne reconnaît pas (cette affaire) et dit qu’elle peut retirer son argent, que (s) es comptes sont dégelés et qu’elle peut utiliser librement ces ressources ».

Gangrené par la corruption, le système judiciaire fédéral mexicain est dans le viseur du pouvoir, qui souhaite le réformer. Sa refonte doit initier le 1er juin prochain avec la tenue des premières « élections judiciaires », lesquelles vont permettre aux citoyens d’élire directement près de 900 fonctionnaires, allant de juges locaux jusqu’à neuf ministres de la Cour suprême.

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