«La poupe du Belem est en danger» : un appel aux dons lancé pour rénover ce joyau de la marine française
Le Figaro Nantes
C’est le seul voilier de commerce français du XIXème siècle à emmener encore autant de gens naviguer. Le Belem embarque chaque année 1500 à 2000 personnes dans le cadre de navigations participatives, d’avril à octobre. Pour assurer ces périples en toute sécurité et susciter l’émerveillement, le trois-mâts subit chaque année des réparations. «Pour continuer à faire vivre un navire construit en 1896, il faut beaucoup d’entretien», explique Christelle Hug de Larauze, déléguée générale de la Fondation Belem Caisse d'Epargne, qui veille sur ce navire depuis 1979.
Dans ce contexte, un nouvel appel aux dons a été lancé pour rénover l’arrière. «La poupe du Belem est en danger. Les années et les éléments ont fait leur œuvre et nous sommes arrivés à un point où des interventions lourdes sont indispensables. Les infiltrations d'eau menacent l'intégrité de la structure et les tôles qui forment la coque montrent des signes de faiblesse alarmants, détaille le commandant Aymeric Gibet, dans un message publié sur le site internet de la fondation. Si nous n'agissons pas rapidement, c'est tout l'équilibre du Belem qui pourrait être compromis». Les travaux concernent le renforcement de la coque, le sauvetage du pont et le réaménagement de l’intérieur.
500.000 euros à trouver
Pour ce faire, 500.000 euros sont recherchés avant un début de chantier à l’hiver 2025-2026. «On est obligé d'anticiper. La première étape de préparation concerne le financement», précise Christelle Hug de Larauze, jointe par téléphone. Le montant total n’a pas encore été acté mais une chose est sûre : il devrait dépasser le million. La fondation peut déjà compter sur des aides de l’État via la DRAC, de la région des Pays de la Loire, du département de Loire-Atlantique, de la ville et métropole de Nantes. «Malheureusement, cela ne suffit pas», note Christelle Hug de Larauze. la fondation peut aussi s’appuyer sur les bienfaiteurs du Belem, attachés à la préservation du patrimoine maritime. «Si le Belem navigue encore aujourd’hui, c’est grâce à cette communauté», se réjouit la déléguée générale, heureuse de la voir se développer, grâce aux différents événements organisés. Le trois-mâts à phare carré et coque en acier a notamment transporté la flamme olympique de Grèce jusqu’en France en mai dernier.
En 2023, ce fleuron du patrimoine français classé Monument historique avait déjà subi une rénovation inédite de sa coque, en cale sèche. L’opération avait aussi été financée en partie grâce à un appel aux dons. Ces travaux de grande envergure se déroulent lorsque le bateau revient à Nantes, son port d’attache, pour la phase d’hivernage. Il est fréquent que le chantier en lui-même se passe alors à Saint-Nazaire, à une soixantaine de kilomètres de là.
Une annonce dans Le Figaro
Le Belem vient hiverner à Nantes une fois tous les trois ans. Le reste du temps, il passes les mois les plus froids dans d’autres villes comme Cannes, Bordeaux ou encore Le Havre. Il y subit un entretien plus léger. Cet hiver, il ira à La Rochelle où le gouvernail sera réparé, en bassin à flot. Avec ses 22 voiles, il y a toujours des travaux à mener pour préserver ce joyau de la marine au passé bien rempli. Mis à l’eau à Nantes le 10 juin 1896, il fut repris par le duc de Westminster en 1914 qui le transforma en yacht de luxe britannique. En 1951, le navire change de nationalité : un capitaine d’industrie italien le rachète à son ancien propriétaire Arthur Ernest Guinness. Le désormais renommé «Giorgio Cini» devient un navire école pour orphelins avant d’être remis en vente en 1978, face aux difficultés d’entretien. Un beau jour, le délégué général de l'union nationale des caisses d'épargne lit dans Le Figaro un entrefilet faisant mention de cette vente. Or, Jérôme Pichard, aujourd’hui décédé, était un marin frustré de n’avoir pu entrer à l’école navale en raison d’un problème aux yeux. Il trouve des fonds pour permettre un rachat. La banque donne alors Le Belem à une fondation créée pour l’occasion. Aujourd'hui, plus de trois millions d’euros sont nécessaires uniquement faire naviguer le bateau chaque année : la Caisse d’Epargne en finance la moitié.