Météo: la vague de chaleur qui touche la France est-elle exceptionnelle ?

Un pont de mai particulièrement chaud et ensoleillé. Ce 30 avril pourrait être sur le podium des 30 avril les plus chauds depuis 1930, avec des records probablement battus dans certaines villes, notamment la capitale. Cet épisode de chaleur est-il pour autant hors normes? Réponses avec Cyrille Duchesne, météorologue à la Chaîne Météo*.

LE FIGARO.- À quoi faut-il s’attendre pour les jours à venir ?

CYRILLE DUCHESNE.- Ce mercredi, à jusqu’à 28 degrés sont attendus à Paris. Le record journalier du 30 avril 2005 dans la capitale (27,3°C) pourrait donc tomber... Mais pas le record mensuel pour un mois d’avril : il avait fait 30,2°C le 18 avril 1949. On va également battre des records dans plusieurs villes du nord de la France comme Rouen (27°c attendus) ou Le Mans (29°C). Cet épisode de chaleur est remarquable car il va durer 4 jours, sachant que la journée la plus chaude sera vendredi. Notons toutefois que les régions méditerranéennes, sous l’effet d’un vent plus frais venant de la mer, ne seront pas concernées par cet épisode de chaleur. Et quelques passages nuageux qui vont arriver à partir de jeudi le long de la façade Atlantique vont également un peu freiner la hausse des températures sur cette zone.

Comment expliquer cet épisode de chaleur? 

Un anticyclone est calé sur le nord de la France. Il s’agit d’une zone de hautes pressions atmosphériques en altitude, synonyme de temps stable, qui maintient l’air chaud à proximité du sol. Cet air chaud s’accumule: de jour en jour, on gagne un ou deux degrés et on finit avec des températures exceptionnelles pour la saison. Un effet «cocotte-minute» qui persiste tant que l’anticyclone résiste.

Le réchauffement global est-il en cause ?

Cet épisode de chaleur est directement lié à la configuration météorologique [autrement dit aux mouvements des masses d’air, NDLR] qui n’a en soi rien d’exceptionnelle pour cette période de l’année. Mais le réchauffement de la planète reste un indéniable bruit de fond qui fait que les épisodes de chaleur ont tendance à être plus intenses, plus nombreux et plus précoces qu’avant [2024 a battu le record de 2023 en tant qu’année la plus chaude au niveau mondial et les températures se maintiennent à des niveaux historiquement élevés . En Europe, le mois de mars a été, de loin, le plus chaud jamais enregistré, selon le bulletin mensuel de l’observatoire Copernicus]. Mais effectivement, l’impact d’une vague de chaleur fin avril n’est pas le même qu’en plein mois d’août. Les températures ne sont pas aussi élevées, on a quand même un peu d’air et les nuits plus longues apportent de la fraîcheur. Et après un hiver bien arrosé, les Français sont majoritairement contents de sortir de la grisaille.

Jusqu’à quand cela va-t-il durer ?

L’anticyclone va finir par lâcher au cours du week-end, on passera alors progressivement sous l’influence d’une dépression venue du golfe de Gascogne qui va entraîner une dégradation du temps entre samedi et dimanche et une chute très marquée des températures. On va perdre une dizaine de degrés en 24 heures. Il faut s’attendre à un dimanche très perturbé et orageux sur les trois quarts du pays.

*La Chaîne Météo appartient au groupe Figaro.