Portugal : l'île-volcan de Corvo

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C'est le dernier morceau de terre européenne avant l'Amérique. En plein milieu de l'océan Atlantique, voici l'île de Corvo, une île volcanique rattachée au Portugal. La plus petite des îles de l'archipel des Açores, probablement la plus spectaculaire aussi. Elle attire les randonneurs du monde entier. Et parmi eux, une famille française. Patrick Pontet a organisé le voyage et emmené ses proches dans l'aventure. Ils sont huit en tout, originaires de Nouvelle-Aquitaine. Ils se lancent à l'assaut de Corvo.

Sur l'île, il n'y a qu'une seule chose à faire : grimper pour atteindre, après une bonne heure de marche, la caldeira, c'est-à-dire le cœur du volcan, qui s'est effondré sur lui-même pour créer un beau paysage. Deux kilomètres de diamètre entourés de parois abruptes, la plupart du temps couvertes de brumes, pour créer une atmosphère unique. "On a un petit choc quand même quand on arrive et qu'on voit ça. C'est grandiose, on en prend plein la figure. C'est un endroit idyllique qu'on ne voit qu'une fois. C'est assez extraordinaire", décrit le père de famille.

Une île de 400 habitants

Le chemin de randonnée suit la crête de l'ancien volcan sur plusieurs kilomètres, avec des passages vertigineux au-dessus de l'océan. Ensuite, c'est la descente vers le cratère, au milieu des herbes hautes. La famille Pontet est seule au monde, s'il n'y a que quelques moutons et quelques vaches. "Même en Europe, on a des paysages incroyables. Il n'y a pas besoin d'aller à l'autre bout du monde pour voir ça", s'exclame une femme. "Ça, je pense que ça va rentrer dans le top de tout ce qu'on a pu voir en voyage. Il n'y a pas de mots, je pense", ajoute une autre.

Il n'y a pas qu'un volcan à Corvo. Il y a aussi un village en contrebas. Avec une route, une église, une école et un café. C'est l'une des plus petites îles habitées au monde. 400 personnes vivent ici. Avec, comme activité économique principale, l'élevage. À Corvo, il y a en fait plus de vaches que d'habitants. Rogério Rodrigues est éleveur. Il travaille à l'ancienne. "La routine, c'est traire les vaches tous les jours, le matin et le soir. C'est comme ça que je fais depuis toujours, qu'il pleuve, qu'il y ait du soleil. Tous les jours, le matin et le soir, je suis ici", explique le producteur fermier.

Fromage local

Le soir, avec sa femme, ils préparent des fromages dans leur garage. La recette est ancestrale et très simple. Le lait cru est caillé, salé et ensuite mélangé à la main. Et puis, affiné sur ses étagères pendant deux mois. "Autrefois, toutes les familles faisaient leur propre fromage et leur propre beurre. Mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. Moi, j'aime faire ce fromage. J'aime le fromage. Et avec ma femme, nous avons décidé de continuer. Et aujourd'hui, nous sommes les derniers à le faire sur l'île", se désole Rogério Rodrigues.

Rogério et Claudia produisent 600 fromages par an, vendus 20 euros pièce, un petit complément de salaire pour ces éleveurs. Leur fromage ressemble un peu à du cantal, plus rustique. Il est consommé localement, exclusivement. Et par quelques touristes chanceux aussi, comme des Polonais, venus pour une dégustation de produits locaux. "Le goût est un peu spécial, un peu salé. Mais avec le miel et les épices, ça va très bien", commente une touriste.

Le plaisir du tourisme lent

Pour David Posch, l'organisateur, ce type de rencontre, c'est l'esprit même de l'île. Il prône un tourisme plus lent, tourné vers la nature. "C'est une question de survie. Maintenant, il faut ralentir, on n'a plus le choix. C'est notre responsabilité de revenir à l'essentiel et de respirer. Et donc, on propose aux gens de ralentir ici pendant qu'ils visitent l'île", assume l'organisateur d'événements.

Mais Corvo n'est pas toujours facile d'accès. L'hiver, les vents et la brume peuvent la couper du monde pendant des semaines. Un isolement qui fait peut-être partie de son charme et qui préserve encore un peu plus sa magie.