«Une dette historique» : les hôpitaux publics de Marseille appellent l’État à l’aide
Les comptes de l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM) sont dans le rouge, au point d’inquiéter son directeur François Crémieux. «Nous sommes dans une situation exceptionnelle, s’alarme-t-il. L’assistance publique porte sur ses épaules une dette historique, constituée entre 2003 et 2015. En 2003, l’assistance publique était très peu endettée, avec environ 200 millions d’euros. Et dix ans plus tard, la dette de l’assistance publique représente à peu près 90 % de son budget et environ un milliard d’euros.»
Le pic a été atteint en 2017 jusqu’à se stabiliser, notamment ces trois dernières années. À la fin de l’année 2024, la dette de l’AP-HM est ainsi chiffrée à 840 millions, avec un déficit de 100 millions d’euros, confrontant l’hôpital public dans la deuxième ville de France à des problématiques de trésorerie grandissantes.
«En 2023, nous payions nos fournisseurs en 110 jours, et à la fin de l’année 2024 en 120 jours, regrette Marie Deugnier, directrice générale adjointe de l’AP-HM. Nous sommes un gros établissement. L’an dernier, nous avons réalisé 750 millions d’euros d’achat. Nous mettons potentiellement en difficulté des entreprises pour lesquelles parfois nous sommes leur seul client. Cela a donc des conséquences immédiates sur l’économie locale.»
«Cette dette historique nous coûte aussi cher en termes de charges, déplore François Crémieux. L’augmentation des taux d’intérêt en 2023 a impacté de manière significative la dette de l’assistance publique. Mais au-delà de nous coûter cher, elle nous empêche d’investir pour l’avenir, puisqu’elle nous empêche de réemprunter et d’investir au-delà du plan de modernisation subventionnée.»
Un SOS à l’État
Dans le cadre notamment du plan Marseille en Grand voulu par Emmanuel Macron, les hôpitaux marseillais, marqués par endroits par une vétusté significative, bénéficient en effet d’un grand plan de modernisation. «Cap sur 2030» a été financé en grande majorité par l’État et les collectivités territoriales pour un coût total de 680 millions d’euros. Le projet comporte par exemple un nouveau bâtiment pour le Samu ou pour la cardiologie à l’hôpital Nord.
Mais à en croire François Crémieux, des besoins demeurent en cancérologie ou en pharmacie . «On ne pourra pas dans la situation actuelle ni faire face au remboursement de notre dette seule, ni a fortiori recourir à de la dette supplémentaire pour financer les projets d’investissement qui ne le sont pas déjà.»
Pour sa conférence de presse annuelle de bilan, l’AP-HM lance donc un SOS à l’État face au «mur de la dette». «Nous plaidons fortement pour être aidés, soutenus, non pas simplement pour financer l’avenir, mais on a également besoin d’être aidés pour réparer le passé», estime François Crémieux. Il y a quinze jours sur France Info, le ministre de la Santé, Yannick Neuder, avait évoqué «des mesures d’efficience» dans le budget alloué à son portefeuille ministériel, afin de «dépenser mieux» plutôt que «dépenser plus».