Le Doliprane reste de très loin le médicament le plus prescrit en France
Il n’est pas étonnant que la vente d’Opella, la filiale de Sanofi qui commercialise le Doliprane, ait suscité une telle vague d’inquiétude le mois dernier. Cet antidouleur à base de paracétamol est le médicament le plus consommé par les Français. Il est celui qui est le plus souvent remboursé par l’Assurance-maladie, qui dressait ce mercredi un panorama de la consommation de médicaments en France. En 2023, 330 millions de boîtes de Doliprane ont été délivrées en pharmacies de ville auprès de 36 millions de patients, soit en moyenne 8,5 boîtes par patients.
Les Français sont de grands consommateurs d’antidouleurs. Près de 70% des assurés ont bénéficié d’un remboursement d’antalgiques en 2022, dans la plupart des cas pour des antidouleurs légers, comme le paracétamol ou l’aspirine. « Le paracétamol est la molécule la plus remboursée en France, souligne le Dr Sophie Kelley, responsable du département des produits de santé à l’Assurance-maladie. Nous en sommes les premiers consommateurs en Europe. » Le deuxième médicament le plus souvent remboursé ? Encore un anti-douleur contenant du paracétamol. L’assurance-maladie a remboursé l’année dernière 71,6 millions de boîtes de Dafalgan, commercialisé par le laboratoire UPSA. Les deux médicaments profitent de l’impossibilité, pour le pharmacien, de substituer un médicament générique à ces deux marques.
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25,5 milliards d’euros de remboursement de médicaments
Loin derrière Doliprane en termes de ventes, le laboratoire UPSA avait opportunément souligné en octobre, lorsque la vente du Doliprane enflammait la scène politique, qu’entre ses deux marques, le Dafalgan et l’Efferalgan, la France ne manquerait pas de paracétamol, même si la star des anti-douleur devait passer sous pavillon américain - c’est finalement le fonds d’investissement CD&R que Sanofi a choisi pour lui céder Opella.
Si le Doliprane, le Dafalgan, mais aussi le Levothyrox et le Kardegic sont les médicaments les plus souvent remboursés en volume, ils ne représentent en revanche qu’un faible poids des dépenses de l’assurance-maladie liées à la consommation de médicaments en France. En valeur, ce sont des médicaments innovants destinés à soigner des pathologies graves qui mobilisent le plus de ressources. En 2023, l’Assurance maladie a remboursé pour 25,5 milliards d’euros de médicaments. Les 20 plus coûteux ont représenté un quart des dépenses remboursées. Ainsi du Xtandi, de l’Imbruvica ou du Tagrisso, tous trois destinés à traiter le cancer, ou encore du Kaftrio, un médicament contre la mucovicidose reçu par environ 5000 patients, souvent jeunes.
Il en est autrement de l’Equilis, un antithrombotique commercialisé par le laboratoire américain BMS, que l’Assurance-maladie a remboursé à hauteur de 755 millions d’euros en 2023, alors que son service médical rendu est jugé faible. «Le poids des médicaments dans cette situation augmente, cela nous interroge», a souligné Thomas Fatôme, le directeur général de la Caisse nationale d’Assurance maladie. L’Eliquis, pour sa part, tombera bientôt dans le domaine public, ce qui devrait faire chuter son prix et le reléguer loin dans le classement des médicaments qui coûtent le plus cher à la collectivité.