Selon les États-Unis, des milliers de soldats nord-coréens sont présents en Russie

Pour la première fois, les États-Unis ont assuré, mercredi 23 octobre, avoir "des preuves" de la présence, en Russie, de soldats nord-coréens potentiellement mobilisables dans la guerre en Ukraine.

"Nous avons la preuve que des troupes nord-coréennes se sont rendues en (...) Russie", a déclaré à des journalistes le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, selon une vidéo de ses déclarations diffusée par le Washington Post. "Qu'est-ce qu'ils font exactement ? Cela reste à voir", a-t-il ajouté alors qu'il s'exprimait dans l'avion l'amenant en Italie où il doit participer à une réunion avec ses homologues du G7. "S'ils sont cobelligérants, s'ils ont l'intention de participer à cette guerre au nom de la Russie, c'est une question très, très grave."

"Un indice du désarroi croissant du président Poutine"

Un haut responsable américain a ensuite précisé que "des milliers de soldats nord-coréens sont en Russie pour s'entraîner", ajoutant que les États-Unis "ne savaient pas ce que serait leur mission ni s'ils iraient se battre en Ukraine". "S'ils le font, cela sera un indice du désarroi croissant du président (russe Vladimir) Poutine dans sa guerre contre l'Ukraine. La Russie subit des pertes énormes tous les jours sur le champ de bataille", a affirmé cette source, qui a requis l'anonymat.

À Bruxelles, une porte-parole de l'Otan a de son côté dit que les pays de l'Alliance atlantique avaient "confirmé les preuves du déploiement de troupes de la Corée du Nord en Russie". "Si ces troupes étaient destinées à combattre en Ukraine, cela marquerait une escalade significative du soutien de la Corée du Nord à la guerre illégale de la Russie", a-t-elle ajouté.

À la suite de ces accusations, la Russie a invité mercredi à "demander à Pyongyang" où se trouvent ses troupes. "Les forces armées de la République populaire démocratique de Corée existent, et où se trouvent-elles ? Demandez, s'il vous plaît, à Pyongyang !", a répondu lors d'un point-presse la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, dénonçant un "battage médiatique".

Des "troupes en nombre"

C'est la première fois que Washington et ses alliés évoquent publiquement des preuves de la présence de ces troupes nord-coréennes en Russie. Jusqu'alors, malgré les assurances répétées par leur allié sud-coréen, les responsables américains se montraient extrêmement prudents, disant depuis plusieurs jours ne pas être en mesure de confirmer ces informations.

Selon Séoul, la Corée du Nord a envoyé 1 500 soldats supplémentaires en Russie, portant leur total à 3 000, a déclaré à la presse Park Sun-won, membre du comité parlementaire sur le renseignement, à l'issue d'un briefing avec le Service national du renseignement (NIS). Quelque 10 000 soldats nord-coréens doivent être déployés en Russie d'ici décembre, a ajouté l'élu.

Le NIS avait affirmé vendredi que Pyongyang envoyait des "troupes en nombre" pour soutenir la Russie dans son offensive en Ukraine, dans le cadre d'une alliance militaire avec Moscou qui pourrait venir bouleverser l'équilibre sécuritaire dans la péninsule coréenne.

À mesure que les relations entre Pyongyang et Séoul se sont dégradées ces derniers mois, la Corée du Nord, dotée de l'arme nucléaire, s'est encore rapprochée de la Russie, alliée du régime nord-coréen depuis sa création après la Seconde Guerre mondiale. La Corée du Sud et les États-Unis affirment de longue date que le leader nord-coréen, Kim Jong-un, envoie en Russie des armes utilisées en Ukraine.

Le président russe, Vladimir Poutine, avait fait une rare visite à Pyongyang en juin, lors de laquelle les deux pays avaient signé un traité de défense mutuelle dont les détails n'ont pas été dévoilés, alimentant les spéculations sur de nouveaux transferts d'armes – qui violent les séries de sanctions prises par l'ONU contre la Russie et la Corée du Nord.

Avec AFP