Après l’échec cuisant de Toutes pour une, deux syndicats de cinéma jouent les boucs émissaires
Alors que le très faible nombre d’entrées montre avant tout le manque d’attrait de la version féministe des Trois Mousquetaires, la Société des réalisatrices et réalisateurs de films (SRF) et l’Union des producteurs de cinéma (UPC) dénoncent « une croisade » de l’extrême droite contre le film.
Passer la publicitéTrois semaines après sa sortie, le film Toutes pour une affiche une fréquentation calamiteuse: moins de 15 000 entrées, synonyme de débâcle commerciale, pour un film qui a coûté dix millions d’euros. Malgré des ambitions affichées et un discours promotionnel engagé, le film semble plutôt être la victime d’un scénario et d’une réalisation qui pécheraient par leurs faiblesses.
Aujourd’hui, le naufrage de l’adaptation féministe des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas est tel qu’il est difficile d’obtenir des chiffres précis sur sa fréquentation. Le site Allociné ne publie que les données de se première semaine d’exploitation. Un compte twitter Destination Ciné, qui relaye l’actualité du 7e art, ne donne que 13 660 entrées.
Ces statistiques catastrophiques ne seraient-elles que la conséquence du manque d’intérêt du film ? Ce n’est pas l’avis de la Société des réalisatrices et réalisateurs de films (SRF) et l’Union des producteurs de cinéma (UPC) donne leur version des causes de ce « flop » : « des raids numériques » coordonnés par l’extrême droite. Dans un communiqué publié le 10 février, ils déclarent : « une fois de plus, un film français est attaqué par la fachosphère… c’est au tour du film de Houda Benyamina, Toutes pour une, d’être la cible d’une nouvelle offensive. » Le communiqué évoque des « débats télévisés sans nuance » et « des insultes racistes, grossophobes et sexistes » visant à décrier l’œuvre pour avoir osé proposer une version des Trois Mousquetaires incarnée par des femmes. En raison d’un nombre trop important de notes extrêmes (0,5 ou 5) et de nouveaux comptes utilisateurs, le site Allociné a même dû suspendre l’affichage de la note spectateur du film.
« Cela part dans tous les sens, multiplie les dialogues gravés dans le marbre. »
Éric Neuhoff
Les coups d’épées «idéologiques» contre le film existent peut-être. Mais elles ne sauraient masquer les approximations d’une mise en scène qui manque cruellement de finesse. « Le scénario pèche par sa faiblesse. Cela part dans tous les sens, multiplie les dialogues gravés dans le marbre. On passe sans raison valable du noir et blanc à la couleur. On comble les vides par des ralentis. Les intermèdes comiques ne sont pas drôles. Les duels sont cafouilleux », écrit Éric Neuhoff dans sa critique publié dans Le Figaro .
Si les syndicats des producteurs rejettent désormais la faillite du film sur la «fachosphère» -,qu’ils qualifient d’« ennemies revendiquées de la diversité culturelle »-,force est de constater que Toutes pour Une n’a pas su séduire le grand public. Après cinq jours d’exploitation (ces chiffres sont indiscutables), Toutes pour une totalisait seulement 9 407 entrées pour 155 copies. De quoi le priver d’une place dans le top 30 du box-office français pour sa première semaine d’exploitation. C’est peut-être le pire bilan pour un film français ces dernières années. Pour la première fois depuis presque deux siècles, D’artagnan et ses trois amis mousquetaires n’auront pas réussi à vaincre leurs ennemis.