«Notre système de santé scolaire ne répond plus aux besoins des élèves.» À l’issue des Assises de la santé scolaire, qui se tenaient ce mercredi 14 mai au théâtre Récamier (7e arrondissement de Paris), la ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Élisabeth Borne a fait une série d’annonces visant à «refonder» le système de santé scolaire, en état critique depuis plusieurs années.
À lire aussi «On voit des enfants en danger mais on ne peut pas agir» : la médecine scolaire en état critique
Deux chiffres - parmi d’autres - en témoignent. Depuis 2019, le nombre de médecins de l’Éducation nationale a diminué de 30%. Et près de 40% des postes de médecins scolaires sont aujourd’hui vacants. «La carrière des médecins sera revalorisée et fluidifiée. Nous procéderons également à un renforcement des effectifs d’infirmiers, d’assistants sociaux et de psychologues de l’Éducation nationale», a promis Élisabeth Borne. Un peu plus tard, son entourage a précisé que la revalorisation des médecins ferait l’objet d’une concertation avec le ministère de la Fonction publique. «L’objectif est de permettre des gains par médecin scolaire allant jusqu’à 500 euros bruts par mois, en particulier en début et fin de carrière», a-t-on ajouté.
Moins de visites d’aptitude en lycée professionnel
Sur la scène du Récamier, la ministre a par ailleurs décliné une douzaine d’autres mesures visant à sortir de la crise. La première concerne la visite médicale des 6 ans. En théorie, 100% des élèves de grande section doivent en bénéficier. Dans les faits, ce n’est le cas que de 20% des enfants... La Rue de Grenelle souhaite qu’après «étude de leurs dossiers», tous les élèves bénéficient désormais d’un «examen»; soit une visite médicale avec un médecin de l’Éducation nationale, soit un bilan psychologique ou psychométrique avec un psychologue de l’Éducation nationale, soit une consultation avec une infirmière scolaire. Cette mesure doit entrer en vigueur à la rentrée de septembre 2026.
Pour «alléger la charge administrative» des médecins scolaires, l’avis de ces derniers sur les plans d’accompagnement personnalisé (PAP) ne sera plus nécessaire, et les visites médicales obligatoires pour que les lycéens professionnels puissent effectuer des travaux réglementés n’auront plus lieu qu’«en début de formation». Enfin, une convention-cadre sera signée avec la direction générale des collectivités territoriales et la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) pour que tous les enfants âgés de 3 à 4 ans bénéficient d’un dépistage des troubles de santé, qui sera assuré en priorité par la protection maternelle et infantile (PMI). La Cnam agira quant à elle en faveur de la détection des troubles de la vision et du langage. Et les personnels de santé scolaire «interviendront de manière complémentaire en cas de besoin».
La santé mentale des jeunes, «priorité nationale»
Les autres annonces concernent la santé mentale des jeunes. Dans son discours, l’ancienne chef du gouvernement a ainsi évoqué la construction d’un protocole de santé mentale dans tous les établissements, la formation de deux «personnels repères» dans chaque circonscription pour le 1er degré et dans tous les collèges et lycées, la création d’un pôle «psycho-médico-social par département, l’organisation d’un système de coupe-file pour faciliter l’accès des élèves aux centres médico-psychologiques (CMP)...
À lire aussi Les médecins scolaires, une profession démunie face à « l’explosion » des troubles psychiques chez les jeunes
Élisabeth Borne veut faire de ce sujet de la santé mentale une «priorité nationale» en cette année 2025 où la santé mentale a été décrétée «grande cause nationale». Les troubles psychiques «fragilisent les apprentissages. Ils minent la confiance en soi, à l’âge où elle se construit. Faute de prévention, ils peuvent mener au pire. L’actualité, et tout particulièrement le drame survenu à Nantes, nous rappellent que la détresse peut devenir danger. Pour soi ou pour les autres», a souligné la ministre, évoquant l’attaque au couteau menée par un élève d’un établissement scolaire nantais au mois d’avril. Deux jeunes ont été blessés, une troisième est décédée après avoir reçu 57 coups de couteau. Le suspect a été placé en soins psychiatriques.