Wimbledon 2025 : est-ce la dernière chance pour Novak Djokovic de remporter un 25e titre du Grand Chelem ?
C'est désormais l'Arlésienne à chaque échéance : Novak Djokovic est-il capable de remporter un 25e tournoi du Grand Chelem, à 38 ans passés ? Le Serbe co-détient, avec 24 sacres, le record absolu en compagnie de l'Australienne Margaret Court, et ne cache pas son ambition d'être seul en tête. Pour son entrée dans le tournoi de Wimbledon, mardi 1er juillet, il devra déjà venir à bout du Français Alexandre Müller (40e) avant d'envisager une deuxième semaine sur ce gazon qui lui a souri à sept reprises entre 2011 et 2022.
Un tournoi qu'il estime lui-même être sa "meilleure opportunité de gagner encore un Grand Chelem", comme il l'avait reconnu lors de Roland-Garros après son élimination en demi-finales voici trois semaines. "Oui, je pense que Wimbledon pourrait être ma meilleure chance de remporter un 25e titre du Grand Chelem, a souri en conférence de presse, samedi 28 juin, Novak Djokovic. C'est ma meilleure chance en raison de mes résultats actuels, de la façon dont je joue ici, du supplément de mental à l'idée de réaliser une performance dans le temple du tennis, de ma motivation à jouer mon plus haut niveau", a-t-il ajouté en conférence de presse d'avant tournoi.
"Je pense qu'il pourrait encore faire quelque chose en effet, abonde Arnaud Clément, consultant franceinfo: sport. Peut-être aussi encore à l'US Open cette année. Il faut voir comment il va réussir à enchaîner parce qu'il a beaucoup donné sur la fin de Roland-Garros", prévient-il. La question avait déjà été posée avant le tournoi sur l'ocre parisienne en mai, stoppé en demi-finales par le numéro un mondial Jannik Sinner, mais elle demeure sur toutes les lèvres en ce début de quinzaine londonienne. "On le voit très bon sur tous les Grands Chelems sur lesquels il s'aligne, ajoute l'ancien n°10 mondial, vainqueur du tournoi sur herbe londonien en double en 2007. En demi-finales en Australie, en demies encore à Roland-Garros, ce n'est pas rien", résume-t-il.
Une plus grande irrégularité
Pourtant, comme il l'admet lui-même, Novak Djokovic est au crépuscule de sa carrière et doit gérer ce nouveau statut. "C'est une sorte de nouvelle réalité pour moi, je dois l'admettre, se résignait-il après son élimination dès son entrée en lice, au Masters 1000 de Madrid le 26 avril. Pendant vingt ans, je n'ai pas été habitué à sortir si tôt, si souvent, dans les tournois. C'est un défi pour moi, mentalement, de faire face à ce genre de sensations sur le court : essayer de gagner juste un match ou deux, sans vraiment penser à aller loin dans le tableau." Au point qu'il en perde à certains moments la flamme qui l'anime ?
C'est ce que semble penser Patrick Mouratoglou, consultant France Télévisions, comme il l'a déclaré sur son compte Instagram, le 14 juin. "En demi-finale contre Jannik Sinner, je n'ai pas vu le Novak que je connais, cette bête de combat, cette détermination à la vie, à la mort pour gagner un match." Un changement d'attitude que le Serbe admet volontiers, comme il le déclarait avant sa victoire sur le tournoi ATP 250 de Genève, le 20 mai.
"Ce n’est pas aussi fluide et facile pour moi que cela l’était il y a dix ans. C’est un nouveau chapitre que j’embrasse, dans lequel j’essaie de naviguer. Bien sûr, j’ai plus de hauts et de bas côté résultats je dois accepter que mon niveau n’est peut-être pas aussi constant qu’il l’était."
Novak Djokovicen conférence de presse
Pour l'actuel coach de Naomi Osaka, le tennis du Serbe n'a pour autant pas disparu : "Techniquement et physiquement, il est toujours au niveau, estime Patrick Mouratoglou. Soyons clairs, son tennis n'a pas baissé. Il est toujours capable de produire de la précision, de la variation et un timing qui ont fait de lui l'un des plus grands joueurs de l'histoire", a-t-il aussi déclaré.
"C'est quand même le seul à avoir été capable, avant la finale, de titiller Jannik Sinner, rappelle Arnaud Clément. Ce qui s'est dégagé sur ce Roland-Garros, c'est qu'il y avait deux joueurs au-dessus du lot et un troisième homme, pas contre toute attente mais presque, qui était toujours Novak Djokovic, avec sa régularité, son envie, son tennis."
En janvier à l'Open d'Australie, le Grand Chelem sur lequel il a été le plus titré (dix fois), l'ancien numéro un mondial ne semblait pas prêt à renoncer. "J'ai l'impression que les gens sont déjà en train d'écrire ma nécrologie sportive. Je réfléchis à la façon dont je veux prendre ma retraite et au moment où je veux la prendre. Si je commence à perdre davantage et à sentir qu'il y a un plus grand écart (…), alors j'arrêterai probablement, mais, tant que je me débrouille bien, je continue." Une position qu'il continue à tenir, comme en conférence de presse d'avant tournoi, samedi à Wimbledon. "Comme à Roland-Garros, ça pourrait être ma dernière danse. Je n'en sais rien et ce sera une question sur tous les prochains Grands Chelems que je jouerai, a déclaré le Serbe. Mon souhait est de jouer encore plusieurs années. J'aimerais être en bonne santé physiquement et aussi motivé mentalement pour continuer à évoluer au plus haut niveau. C'est le but, mais on ne sait jamais à ce stade", a-t-il complété, visiblement détendu.
Tributaire d'une défaillance de Jannik Sinner ou de Carlos Alcaraz ?
Si "Nole" a affirmé dans un entretien accordé à un média serbe fin mai être plus motivé par la perspective de jouer les Jeux de 2028 à Los Angeles, lui qui a gagné le titre olympique à Paris l'an dernier, que par le gain de nouveaux titres du Grand Chelem, le gazon londonien pourrait encore lui tendre les bras. Depuis sa dernière victoire en 2022, il a été finaliste sur les deux dernières éditions, un exploit à souligner en 2024, quelques semaines seulement après une opération du genou. "La prochaine fois que l'on vous demandera si Novak peut gagner un 25e Grand Chelem, réfléchissez : qu'est-ce qu'il vient de nous montrer à Paris ? Juste avant Wimbledon, un tournoi qu'il a remporté sept fois, et atteignant la finale lors des six dernières éditions", professait Patrick Mouratoglou.
"Il ne sera une partie facile pour personne", abonde notre consultant franceinfo: sport. Actuel n°6 mondial, Novak Djokovic, qui a aussi admis être "vraiment différent depuis le départ de Rafa", considère que Jannik Sinner et Carlos Alcaraz "sont des joueurs très impressionnants". Le dernier cité étant le double tenant du titre à Wimbledon et donc sa bête noire sur herbe : en huit confrontations, l'Espagnol n'a, certes, que trois victoires à son actif face à Novak Djokovic, mais deux à Londres en 2023 et 2024.
"Il faudrait un Sinner ou un Alcaraz un peu moins bien, qui font un match moyen pour que Novak puisse gagner à Wimbledon, analyse Arnaud Clément. A Roland-Garros, Jannik était un petit peu supérieur à lui. Il aurait pu gagner un set, il a eu des occasions, des jeux à 0/30. Mais l'Italien était plus fort." Pour notre consultant, le Serbe n'a plus toutes les cartes en main. "Je ne crois pas qu'aujourd'hui il soit capable d'aller chercher ce petit plus. Il a besoin d'un concours de circonstances pour réussir", conclut-il.