L’OL rétrogradé en Ligue 2 : Textor, se sauver en appel, précédents... Cinq questions pour tout comprendre
Pourquoi la DNCG rétrograde l’Olympique Lyonnais ?
Le couperet est tombé ce mardi. Auditionné dans l’après-midi, l’Olympique Lyonnais a été relégué en Ligue 2 par la Direction nationale de contrôle et de gestion (DNCG), en vertu de son article 11, a annoncé la Ligue de Football Professionnel (LFP). Sous la menace depuis plusieurs mois, le club rhodanien n’a pas réussi à convaincre le gendarme financier du football français, qui lui avait déjà infligé une rétrogradation administrative à titre conservatoire en Ligue 2, décidée le 15 novembre dernier. La sanction de l’époque était en plus assortie d’une interdiction de recruter et d’un encadrement de la masse salariale. Cette dernière avait, depuis, été allégée par les fins des contrats d’Alexandre Lacazette, Nicolás Tagliafico et Anthony Lopes, puis par les départs de Maxence Caqueret l’hiver dernier (17 millions d’euros à Côme) et Rayan Cherki (42,5 millions d’euros à Manchester City).
Ajoutez à cela les options d’achat levées de Saïd Benrahma (en Arabie saoudite), Amin Sarr (à Vérone) et Johann Lepenant (à Nantes) qui ont rapporté 19,5 millions d’euros aux caisses lyonnaises. Des montants pas suffisants néanmoins pour le propriétaire de l’OL, John Textor, qui annonçait lundi avoir obtenu un accord pour la cession de ses parts du club anglais de Crystal Palace (à hauteur d’environ 200 millions d’euros). Le fruit de cette opération qui dépend des conditions de marché n’étant toutefois pas encore déterminé, la somme que pourrait toucher le club lyonnais grâce à celle-ci reste encore inconnue. Malgré cela, dans ce contexte, le dirigeant américain se disait optimiste au moment de rencontrer la DNCG…. Reste à savoir quels chiffres ont réellement été examinés et pris en compte par l’instance, sachant que certaines retombées d’argent (la vente de Cherki par exemple, dernière en date) ne sont pas forcément toutes arrivées dans les caisses lyonnaises.
L’OL peut-il se sauver en appel ?
À peine une heure après la décision de la DNCG, l’Olympique Lyonnais est monté en créneau, déplorant une «décision incompréhensible». «Nous ferons appel pour démontrer notre capacité à apporter les ressources nécessaires en termes de trésorerie pour garantir le maintien de l’OL en Ligue 1», a écrit le club, qui dispose de sept jours pour interjeter son appel. Sept jours non pas à compter de la décision communiquée par le gendarme financier mais à compter de sa notification officielle, par lettre recommandée avec avis de réception ou à l’adresse officielle du club. Quoi qu’il en soit, l’OL, bien décidé à contre-attaquer, devra présenter de nouveaux éléments en sa faveur «au plus tard lors de son audition devant la commission d’appel», précise le règlement de la LFP. La direction rhodanienne va devoir cravacher pour présenter des documents attestant de sa fiabilité financière. Une ou plusieurs ventes rapides sur le marché des transferts - l’attaquant belge Malick Fofana est notamment ciblé par Chelsea et pourrait rapporter 30 millions d’euros - faciliteraient évidemment les choses.
Et si d’aventure la commission d’appel de la DNCG, qui dépend de la FFF, confirmait en deuxième instance sa rétrogradation en Ligue 2, l’OL aurait la possibilité de déposer un recours devant le Comité national olympique sportif français. Le CNOSF imposerait alors une décision qui, là encore, pourrait être contestée en dernier lieu par le club devant la justice administrative de droit commun, via deux procédures possibles et distinctes (la procédure au fond ou celle d’urgence, dite de référé). Des procédures extrêmes qui s’avèreraient très complexes pour l’OL, obligé alors de démontrer une illégalité manifeste dans la décision prise, ou bien d’engager un avocat pour obtenir une action indemnitaire devant le juge administratif. En clair, l’institution lyonnaise n’a pas encore les deux pieds en Ligue 2 mais elle a du pain sur planche pour satisfaire, dans un premier temps, la commission d’appel de la DNCG.
John Textor joue-t-il sa crédibilité… et sa place ?
Devenu actionnaire majoritaire de l’OL en décembre 2022, succédant à Jean-Michel Aulas, John Textor précipite donc le club vers la première relégation administrative de son histoire. Pourtant, l’homme d’affaires américain, taquin sous sa casquette de Botafogo, n’avait jamais cédé à la panique ces dernières semaines au moment de répondre aux supporters lyonnais, inquiets de la situation. Même ce mardi, à la sortie du siège de la LFP, suite à son audition mais avant le communiqué de la DNCG, il positivait. «Grâce à l’investissement de nos partenaires financiers, nous avons investi pas seulement pour la DNCG mais aussi pour la validation du processus de licence UEFA [...] Notre situation financière s’est améliorée de façon spectaculaire. Ça reste un processus d’évaluation et on fait confiance à la DNCG pour analyser l’ensemble du dossier», confiait-il.
Avant d’ajouter : «Ils (la DNCG) connaissent notre modèle. Notre situation économique s’est grandement améliorée, on a diminué drastiquement nos dépenses, la masse salariale et nos anciens contrats prennent fin. Donc, en termes de profits pour l’an prochain, on est très confiants. Maintenant, c’est simplement une question d’équilibrer notre modèle économique, ce que nous sommes en capacité de faire compte tenu des liquidités que va toucher Eagle Group.» Question crédibilité, Textor a perdu gros aux yeux du peuple lyonnais, le groupe ultras des Bad Gones ayant rapidement milité pour son départ, avec des mots forts, mardi soir. L’Américain de 59 ans, propriétaire d’Eagle Football Group, reste pour l’heure l’homme à la barre. D’autant que sa holding, qui a lancé le 13 juin son introduction à la Bourse de New York, avait apporté 83 millions d’euros en trésorerie à Lyon fin janvier et un accord avait été conclu avec les prêteurs d’Eagle permettant un report de créances. Quelles solutions pour boucher les trous seront trouvées désormais ?
À qui profiterait ce coup de tonnerre ?
Le malheur des uns fait, très souvent, le bonheur des autres. En cas de relégation actée en Ligue 2 pour l’OL, un club pourrait retrouver le sourire : le Stade de Reims. L’article 520 du règlement des compétitions sportives de la LFP l’indique, «dans l’hypothèse où un club qualifié pour la saison suivante en Ligue 1 renonce à sa participation ou ne satisfait pas aux critères de participation, ou se voit refuser cette accession par décision de la DNCG ou tout autre organe notamment disciplinaire», «le club perdant du barrage est repêché». Battu par le FC Metz en barrage à l’issue de la saison, Reims serait donc l’heureux élu. En attendant, le club champenois a indiqué ce mardi avoir «passé sans accroc» l’examen de la DNCG. Une condition sine qua non pour espérer être repêché en lieu et place de l’Olympique Lyonnais.
Girondins de Bordeaux, Strasbourg... Quels sont les précédents ?
Forcément, la crise à Lyon rappelle aujourd’hui celle des Girondins de Bordeaux, autre mastodonte du football français relégué administrativement de Ligue 2 en National en juillet 2024, puis en National 2 après avoir été placé en redressement judiciaire (qui a pris fin ce mardi). Avant le club girondin, maintenu aujourd’hui en quatrième division par la DNCG, le Sporting Club de Bastia avait plongé de la Ligue 1 au National 3 en 2017. Le club corse était ruiné tout comme Évian-Thonon-Gaillard, placé en liquidation judiciaire en décembre 2016 après quatre saisons dans l’élite (2011 à 2015). Le Mans (2013), Grenoble (2011) et Strasbourg (2011) ont aussi connu les ténèbres, jusqu’au niveau amateur, pour mieux se porter en 2025. Enfin, les exemples les plus anciens remontent à 1991. La DNCG, qui fêtait ses deux ans d’existence, avait à l’époque rétrogradé en deuxième division les Girondins, l’OGC Nice et le Brest-Armorique, faute de garanties financières. Et pour bon nombre de ces clubs, le cauchemar s’est poursuivi jusqu’au dépôt de bilan avant de repartir de plus belle. Qu’en sera-t-il pour l’OL, le septuple champion de France qui n’a plus connu l’antichambre depuis 1989 ? Réponse dans les prochaines semaines.