L'inquiétante danse des gyrophares, alignés à perte de vue, donne le tournis en arrivant sur les lieux du carnage. Le bleu et le rouge contrastent avec le noir cirage du toit du Crocus City Hall, carbonisé et quasi-entièrement effondré. Ces dizaines d'ambulances et véhicules des forces de l'ordre, maintenus à distance des journalistes par quelques barricades, témoignent de l'ampleur du drame qui s'est joué vendredi soir. Le bilan fait à ce moment-là état de 40 morts ; il allait largement s'alourdir dans la journée de samedi.
Dans le taxi vers les lieux, Farangis, 24 ans, de nationalité tadjike comme tant d'autres chauffeurs dans le grand Moscou, dit ne pas avoir suivi ce qui s'est produit. « Je n'aime pas écouter les informations, il n'y a que du négatif, de l'horreur », coupe le jeune homme, qui habite à Moscou depuis quatre ans. Il n'aura peut-être pas su, quelques heures plus tard, que quatre de ses compatriotes du Tadjikistan - un petit État d'Asie centrale frontalier de l'Afghanistan…