Disparition de Morgane : les parents de l’adolescente retrouvée se confient pour la première fois

«On commence à retrouver une vie normale.» Pour la première fois, les parents de la jeune Morgane, qui s’était volatilisée fin novembre avant d’être retrouvée deux semaines plus tard, se sont confiés dans une interview à nos confrères locaux du Télégramme , dans laquelle ils reviennent sur leur angoisse, sur le profil du suspect, et sur les motifs qui auraient poussé leur enfant à quitter le domicile familial, le 25 novembre dernier.

Morgane, qui a fêté ses 14 ans le 23 décembre, avait été déclarée disparue après avoir quitté la résidence de ses parents, à Pabu, dans les Côtes-d’Armor, en ne prenant ni carte bancaire, ni argent, ni affaires de rechange. D’après les précisions du procureur de la République de Saint-Brieuc, la jeune fille a demandé sur les réseaux sociaux à un jeune homme de 21 ans, Adrien G., employé de bijouterie avec qui elle était en contact depuis des mois, de venir la récupérer en voiture tôt le matin du lundi 25 novembre. Ses parents ont été avertis de son absence à l’école aux alentours de 9h40.

«J’ai reçu un message du collège sur mon téléphone», relate le père de Morgane, Yoann. «J’étais au travail à Rennes, j’ai appelé Aurore (sa femme, NDLR) mais je n’arrivais pas à la joindre.» La mère de Morgane est également contactée par l’établissement scolaire. «J’ai vu que le collège avait essayé de me joindre, Yoann aussi, à plusieurs reprises. Je ne comprenais pas car elle était partie le matin pour prendre le car. Ensuite, j’ai tourné plusieurs fois dans Guingamp pour la chercher, puis je suis allée à la gendarmerie à 11h30. C’est là qu’on a commencé à paniquer un peu car elle ne nous avait jamais fait ça», confie-t-elle.

«Au départ, on se dit qu’elle ne peut pas être très loin»

La veille, l’adolescente s’était violemment disputée avec ses parents sur l’usage qu’elle avait des réseaux sociaux. Au cours de l’altercation, son père a jeté son téléphone au sol. «Le téléphone cassé, ça a été le déclencheur de son départ mais, au préalable, Morgane avait été embêtée par plusieurs personnes dans la journée, précise Aurore, la mère de l’adolescente. Ce sont ces échanges-là, qui ne font pas plaisir à des parents, qui ont déclenché la dispute. C’est là qu’on s’est dit: les réseaux sociaux, c’est terminé, ça va trop loin.» Selon plusieurs de ses amis, la jeune fille, qui n’avait jamais fugué, avait «posté une story dans le week-end pour dire qu’elle ne viendrait pas en cours lundi». Les enquêteurs avaient aussi trouvé dans sa corbeille un «papier froissé où il était indiqué “papa, maman, désolée, je pars”».

«Au départ, on se dit qu’elle ne doit pas être très loin. Plus les jours passent, avec tout ce qui a été fait pour la retrouver, plus on s’inquiète», reprend Yoann, se remémorant les dizaines de gendarmes mobilisés. «(Mais) dans notre tête, on était assez vite sur l’hypothèse qu’elle s’était réfugiée avec quelqu’un ou chez quelqu’un, loin d’ici.» Morgane avait effectivement parcouru près de 200 kilomètres avec Adrien G., et s’était retrouvée à Coutances, dans la Manche, dans un foyer de jeunes travailleurs.

«J’ai essayé de contacter des gens sur TikTok»

Dans ce foyer, elle était hébergée dans la chambre d’Adrien G. Les investigations se poursuivent pour savoir ce qui s’est passé exactement au sein de cette pièce. Face aux autorités, le jeune homme de 21 ans a indiqué avoir eu une relation sexuelle «consentie» avec l’adolescente âgée de 13 ans au moment des faits. Auprès du Figaro, son avocat, Me Pierre-Alexis Brévin, a assuré que toute l’affaire était une «histoire de gamins insouciants». Toujours est-il que son client a été mis en examen et écroué pour soustraction de mineur et viol. Sa demande de remise en liberté a également été rejetée fin décembre.

Devant les enquêteurs, Morgane a de son côté déclaré «s’être disputée» avec Adrien G., qui lui aurait «porté des coups sur la tête» quand elle se plaignait d’avoir faim, a détaillé le procureur. L’adolescente a également dénoncé ne pas pouvoir sortir de la chambre située en rez-de-chaussée, dont les volets étaient fermés. Elle avait toutefois accès à un ordinateur connecté à Internet. Morgane relate brièvement cet épisode dans l’interview: «J’avais suivi les informations (sur sa disparition et les recherches NDLR) et j’ai essayé de contacter des gens sur TikTok . C’était la seule application qu’il n’avait pas. Je me suis rendu compte que si j’envoyais un message autrement, il le voyait», explique-t-elle.

À ses parents de reprendre: «Notre sentiment, c’est que ce n’est pas normal qu’un jeune de 21 ans soit sur des groupes d’adolescents de 13 ans. On ne fait pas non plus 2h30 de route de Coutances à Guingamp, dans la nuit, pour venir chercher une ado devant son arrêt de bus. Maintenant, on va laisser la justice faire son travail. On s’est constitué partie civile».

«Morgane avait des amis, mais pas forcément les bons»

C’est finalement dans la nuit du 7 au 8 décembre que l’histoire bascule. Le principal suspect se rend avec Morgane en voiture devant le logement d’un de ses amis, résidant chez sa mère en Gironde. Il «semblait souhaiter laisser la jeune fille et repartir seul», d’après le procureur. Le 10 décembre, le père de Morgane est contacté par la gendarmerie de Rennes, qui l’informe que l’adolescente a été retrouvée. «On l’a retrouvée à Rennes, le jour même. C’était en fin de journée, dès qu’on a eu l’accord pour la voir. C’était beaucoup d’émotions», témoignent Aurore et Yoann. 

Les deux parents souhaitent désormais se rapprocher de Morgane, et mieux connaître son cercle d’amis. «On s’est aperçus que Morgane avait des amis certes, mais pas forcément les bons. Maintenant, elle a fait du ménage», avancent-ils. De son côté, Morgane va reprendre le collège, la danse, et tenter d’être sélectionnée pour devenir ramasseuse de balles à Roland-Garros.