Produits chimiques, métaux précieux, médicaments... Que s’échangent vraiment les États-Unis et la Russie ?
Et si l’alignement des positions entre les États-Unis et la Russie sur la guerre en Ukraine n’était qu’un mirage ? Après une nouvelle attaque massive de drones et de missiles russes sur des villes et infrastructures du pays, Donald Trump a affirmé vendredi qu’il était prêt à employer son arme favorite contre la Russie : les droits de douane. «J’envisage fortement des sanctions bancaires, des sanctions et des droits de douane à grande échelle contre la Russie jusqu’à ce qu’un cessez-le-feu et un accord définitif sur la paix soient conclus», a écrit le président américain sur son réseau Truth Social.
Pour l’heure, difficile d’estimer si ces menaces seront de nature à dissuader Vladimir Poutine de continuer à «pilonner» l’Ukraine, selon l’expression de Donald Trump. D’autant que les deux pays n’entretiennent pas des relations commerciales particulièrement approfondies. Loin de là. Le montant total des échanges de biens en 2024 s’est élevé à seulement 3,5 milliards de dollars selon les chiffres du Bureau du représentant américain au commerce (United States Trade Representative). Une goutte d’eau à côté des montants échangés par les États-Unis avec la Chine (582 milliards de dollars), le Mexique (840) ou le Canada (762), autant de pays sous le coup des droits de douane américains.
Uranium enrichi
La balance commerciale est en faveur de la Russie, puisque sur les 3,5 milliards de dollars de biens échangés, les États-Unis ont importé l’équivalent de 3 milliards. Cela représente moins de 0,1% de tout ce qu’ont importé les Américains dans le monde cette année-là (environ 3267 milliards de dollars selon le Bureau de recensement des États-Unis). L’Observatoire de la complexité économique (OEC) fournit le détail, pour l’année 2023, des produits achetés aux Russes. Il y a d’abord l’uranium enrichi (25% des importations américaines en provenance de Russie), indispensable pour les centrales nucléaires. Sauf que mi-2024, Washington a voulu couper le cordon en interdisant l’importation d’uranium enrichi en provenance de Russie, avant d’accorder quelques dérogations aux acteurs les plus dépendants jusqu’à fin 2027. Et en novembre dernier, la Russie a posé un jalon supplémentaire en interdisant l’exportation d’uranium enrichi vers les États-Unis jusqu’à fin 2025.
Viennent ensuite des produits chimiques comme des engrais azotés (21%) et des engrais potassiques (8%), ainsi que des métaux comme le platine (24%), et d’autres métaux comme les ferroalliages (4%) et le titane (1%). À plus petite échelle, on retrouve du contreplaqué de bois (2%) et des turbines à gaz (2%). Dans le cas où la Russie riposterait avec des droits de douane sur les importations américaines, cela concernerait un montant encore plus faible, de l’ordre de 500 millions de dollars, alors que les Russes importent l’équivalent de 200 milliards de dollars de biens chaque année. Là aussi, l’OEC détaille la nature des produits achetés aux Américains. La plupart touchent au domaine médical, comme des vaccins et antisérums (21% des importations russes), des médicaments (6%), des instruments médicaux (10%) et des équipements à rayon X (6%). Pas de quoi craindre outre-mesure de potentielles taxes douanières.