Des cocktails molotov jetés sur le commissariat de Rillieux-la-Pape, le maire s’en prend au député LFI

L’attaque du commissariat de police nationale, mercredi soir, par une dizaine d’individus cagoulés avec des jets de pierre et des engins incendiaires a été largement condamnée par les élus et responsables locaux. Facebook/Alexandre Vincendet

Dix personnes, dont neuf mineurs, ont été interpellées depuis le début de semaine dans un climat de forte tension entre délinquants et police locale, alimenté selon Alexandre Vincendet par le discours anti-police de l’Insoumis Abdelkader Lahmar.

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Les cocktails molotov jetés la nuit dernière sur la façade du commissariat n’ont pas fait de dégât ni nécessité l’intervention des pompiers. Ils disent néanmoins beaucoup de la montée des tensions entre la police locale et une poignée de délinquants de Rillieux-la-Pape ces derniers jours. Dix personnes ont été interpellées depuis le début de la semaine dans cette commune de la banlieue nord lyonnaise pour des faits de violences urbaines ou contre les forces de l’ordre. Un majeur et neuf adolescents âgés de 11 à 17 ans sont mis en cause pour des caillassages et guet-apens contre les forces de l’ordre ainsi que la destruction de caméras de vidéosurveillance de cette ville de 30.000 habitants classée en politique de la ville. Le maire, Alexandre Vincendet (Horizons), a annoncé qu’il convoquerait leurs parents, comme à son habitude.

L’attaque du commissariat de police nationale, menée mercredi soir par une dizaine d’individus cagoulés armés de pierres et des engins incendiaires, a été largement condamnée par les élus et responsables locaux. La préfète de région, Fabienne Buccio, a dénoncé une «agression inadmissible» et annoncé l’envoi de la CRS 83, spécialisée dans le maintien de l’ordre de haute intensité. Des forces de police de la compagnie départementale d’intervention seront aussi sur place dès ce jeudi soir en renfort. «Toute tentative d’intimidation est vaine, a prévenu la préfète. La détermination de l’État à assurer la sécurité des habitants est totale».

«Fermeté» contre «harcèlement»

Mais la tension monte aussi sur le terrain politique, entre le maire et le député LFI Abdelkader Lahmar, qui lui a succédé à la tête de la 7e circonscription du Rhône en juillet dernier. «Les forces de l’ordre sont délibérément prises pour cible par ceux qui refusent les lois de notre République, a pointé Alexandre Vincendet. Ces exactions sont bien évidemment appuyées par des discours de haine anti-police». Auprès du Figaro, l’édile cible ouvertement la responsabilité de son opposition LFI et du député.

Ce dernier avait récemment dénoncé à l’Assemblée un «harcèlement» des forces de police rilliarde envers les jeunes de la commune par une «multiverbalisation» parfois à quelques minutes d’intervalle, pour «des infractions mineures». «On ne parle pas de rodéos ou de délits mettant en danger la population, insiste l’entourage d’Abdelkader Lahmar auprès du Figaro. Derrière, ce sont des jeunes qui se retrouvent avec des milliers d’euros d’amende. Or, cette politique uniquement répressive ne fonctionne pas». Un discours vilipendé par le maire, qui assume une politique de fermeté, notamment de la part de sa police municipale.

Des tracts distribués sur les points de deal ?

Ce jeudi, le député a «condamn[é] avec la plus grande fermeté l’attaque du commissariat» et apporté son soutien aux policiers. «Schizophrène», grince une source sécuritaire ; «Pompier pyromane», lâche le maire. L’entourage du député rappelle, lui, son engagement pour obtenir davantage de moyens pour ce commissariat afin d’allonger ses horaires d’ouverture. Abdelkader Lahmar a condamné l’expression par la violence qui «frappe d’abord celles et ceux qui vivent dans les quartiers concernés». Cela avait été le cas lors des suspensions de la desserte en bus de certains quartiers à la suite de violentes attaques contre les chauffeurs et les véhicules au mois de novembre dernier.

«Ce sont ces mêmes élus qui déplorent les violences anti-police aujourd’hui alors qu’ils distribuaient encore des tracts contre l’action des forces de l’ordre la veille», rétorque Alexandre Vincendet. L’édile va plus loin, assurant au Figaro que «ces discours sont tenus par des élus locaux de La France insoumise jusque sur les points de deal auprès de “grands frères” du quartier pour inciter au chaos dont ils espèrent profiter électoralement».

Abdelkader Lamar bat en brèche des accusations diffamatoires du maire qui, «depuis sa défaite aux élections législatives, cherche à exister médiatiquement en multipliant les attaques (...) sur les questions de violences dans sa propre ville». Et rappeler que l’élu Horizons dirige la commune depuis 2014. Son entourage assure qu’aucun tract anti-police n’a été distribué par le parti sur les points de deal.