Les frappes américaines ont retardé le programme nucléaire iranien de deux ans, selon le Pentagone

Le programme nucléaire iranien a été retardé d'environ deux ans par les frappes américaines décidées par Donald Trump, selon des évaluations du renseignement américain, a indiqué le Pentagone mercredi 2 juillet. "Nous avons retardé leur programme d'un à deux ans au moins, c'est ce qu'évaluent les services de renseignement du ministère" de la Défense, a déclaré le porte-parole du Pentagone Sean Parnell. "Nous pensons que c'est probablement plus proche de deux ans", a-t-il ajouté.

Depuis les bombardements américains contre les sites nucléaires de Fordo, Natanz et Ispahan il y a une dizaine de jours, en soutien à l'offensive israélienne, la question de leur efficacité reste incertaine.

Donald Trump répète que le programme nucléaire de Téhéran a été "anéanti" ou encore retardé de "plusieurs décennies". Son ministre de la Défense Pete Hegseth a vanté fin juin "une action militaire décisive" qui "a créé les conditions pour mettre fin à la guerre" entre Israël et Iran. "En décimant, anéantissant, détruisant - choisissez le mot - les capacités nucléaires iraniennes", avait-il martelé.

Mais un premier rapport préliminaire top secret du renseignement américain, dont la presse américaine a fait état la semaine passée, établissait lui que les frappes contre l'Iran n'avaient fait que pénaliser son programme nucléaire de quelques mois, sans le détruire complètement.

L'Iran vient lui de rejeter une demande du directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, de visiter ses installations nucléaires bombardées, afin de pouvoir établir ce qu'il est advenu de son stock d'uranium enrichi à un niveau proche du seuil de conception d'une bombe atomique. Rafael Grossi a estimé que l'Iran disposait des capacités techniques pour recommencer à enrichir de l'uranium d'ici "quelques mois".

L'Iran suspend sa coopération avec l'AIEA

Mercredi, la suspension de la coopération de l'Iran avec l'AIEA votée par le Parlement le 25 juin est entrée en vigueur. Le texte a été promulgué par le président iranien, Massoud Pezeshkian. La loi vise à "assurer un plein soutien aux droits" de l'Iran, et "en particulier à l'enrichissement de l'uranium" en vertu du Traité de non prolifération (TNP), selon les médias iraniens.

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"Nous avons vu la décision officielle, qui est évidemment inquiétante", a réagi le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric.

Le département d'État l'a qualifiée d'"inacceptable", regrettant que "l'Iran ait choisi de suspendre sa coopération avec l'AIEA à un moment où il a la possibilité de faire marche arrière et de choisir la voie de la paix et de la prospérité". 

La décision de l'Iran a provoqué la colère d'Israël, dont le ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, a appelé le monde à "utiliser tous les moyens à sa disposition pour mettre fin aux ambitions nucléaires iraniennes".

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Il a appelé l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni, les trois pays européens signataires avec la Chine et les États-Unis de l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien, à "rétablir toutes les sanctions contre l'Iran", "maintenant". Cet accord était devenu caduc après le retrait unilatéral des États-Unis en 2018 et Téhéran avait alors commencé à s'affranchir de ses obligations. 

Berlin a qualifié de "signal désastreux" la décision iranienne.

Avec AFP