Après la censure, Yaël Braun-Pivet plaide pour un « pacte législatif » allant des socialistes à la droite

La course pour Matignon est relancée. Renversé par une majorité de députés, Michel Barnier va devoir céder sa place dans les prochains jours. Alors qu’Emmanuel Macron a engagé dès vendredi un cycle de consultations avec plusieurs forces politiques pour bâtir un « gouvernement d’intérêt général », le flou plane encore sur le calendrier de ces nominations. Même si l’Élysée ne veut surtout pas reproduire le long feuilleton de cet été, lorsque le président de la République a mis quasiment deux mois à choisir un successeur à Gabriel Attal. Invitée dimanche du « Grand Jury RTL-Le Figaro-M6-Public Sénat », Yaël Braun-Pivet a alors exhorté le chef de l’État à désigner « rapidement » un nouveau premier ministre.

La présidente de l’Assemblée nationale a beau ne pas adresser « d’ultimatum » au chef de l’État, elle a tout de même plaidé pour une nomination « dans les prochaines heures ». Une urgence indispensable « pour conduire la politique de la nation, continuer les discussions budgétaires, et mener les réformes indispensables », a fait valoir la titulaire du perchoir. Qui dit en « avoir un petit peu marre » de la petite musique actuelle. « On entend parler que de noms, mais le sujet, c’est de savoir ce que l’on veut faire ensemble, il y a un certain nombre de sujets sur lesquels nous pouvons nous mettre d’accord », a souligné la présidente de l’Assemblée nationale. Laquelle veut tracer les contours d’un « pacte législatif » avant même de connaître le profil de celui qui ira Rue de Varenne : « Tout le monde prend un peu les choses à l’envers », en oubliant « les priorités des Français ». À l’instar de l’agriculture, l’accès aux soins, la décentralisation, ou encore la proportionnelle. « Un programme d’action » en somme.

Avec quelle méthode ? Si l’élue des Yvelines attend un chef de gouvernement à la tâche, ce dernier ne pourra, selon elle, « pas faire » sans tenir compte de la « composition actuelle » de la Chambre basse qui ne permet pas de dégager des majorités. Pour assurer une certaine stabilité d’ici à 2027, Yaël Braun-Pivet mise plus que jamais sur une redéfinition des contours du « socle commun » - l’attelage entre les macronistes et la droite - aux côtés du groupe Liot et surtout des socialistes. Signe que la chute de Michel Barnier a fait bouger quelques lignes, les chefs de file du PS se disent d’ailleurs prêts à des discussions avec les macronistes sur la base de « concessions réciproques ». Avec l’espoir de fracturer le Nouveau Front populaire (NFP) dont les composantes ne sont pas toutes alignées sur ce point-là, la présidente de l’Assemblée a jugé de son côté qu’« il n’était plus temps de tergiverser ».

Cette nouvelle architecture parlementaire, que Yaël Braun-Pivet appelle de ses vœux, devra donc combler les défaillances du gouvernement Barnier. « L’animateur doit avoir une base solide d’action, nous ne l’avions pas », s’est-elle lamentée, en sommant les groupes parlementaires à des « compromis ». Car le temps file. « Nous n’avons pas de budget, pas de gouvernement, a sommé la présidente de l’Assemblée. On ne peut pas faire comme si cette censure n’avait pas existé : les conditions politiques ont changé. »