Carlès & Demarquet, le duo de designers français inspiré par la mer

Des structures de bibliothèques évoquent des anémones aux tentacules rétractiles, des chaises ressemblent à un assemblage de brins de corail (4), quand des tables basses ont des allures de rochers usés par les flots (2). Et pourtant il ne s’agit pas là de plateaux en pierre, mais d’un travail sur le bois. De l’ébénisterie d’art, mais d’un art résolument contemporain, poétique, un brin surréaliste même (3 et 5). Romain Carlès et Paul Demarquet sculptent un mobilier fantasmagorique aux allures de fonds marins. « Nous nous sommes inventé une histoire autour des objets que nous créons, assure le duo, comme s’il s’agissait de mobilier retrouvé dans les mers après avoir passé des siècles sous l’eau. Ces trouvailles archéologiques parlent d’une mystérieuse civilisation méditerranéenne disparue, des fonds marins et de la Méditerranée au sens large. » C’est à Marseille qu’œuvrent les deux créateurs : Romain Carlès est originaire de Nice, Paul Demarquet de Manosque. Tous deux ont suivi une formation de menuisier, le premier chez les compagnons du Tour de France, le second en sessions de cours du soir à l’école Boulle. « Après plusieurs années chacun à notre compte, nous nous sommes rencontrés à Marseille en partageant un atelier dans un lieu collectif. Attirés tous les deux par la sculpture sur bois et par la liberté que nous procurait le fait de créer des meubles plus sculpturaux, plus organiques, et s’éloignant d’une pratique parfois un peu “rigide” de l’ébénisterie, nous avons commencé à collaborer. »

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Certaines de leurs créations relèvent davantage du land art – telle Anémone, spectaculaire arche plantée sur une plage près de Hyères le temps d’une installation (1) –, que du simple mobilier fonctionnel. « Les inspirations méditerranéennes sont toujours présentes, mais nous nous nourrissons également de la lumière des paysages de Provence, et même des vibrations des coups de pinceaux de certains tableaux impressionnistes. »

La couleur baigne leur production d’une forme d’irréalité. « Nous développons des teintes végétales afin de créer un mobilier solaire et joyeux. Celles que nous utilisons sont dérivées d’un savoir-faire généralement utilisé dans le design textile et sont exclusivement à base de pigments de plantes – garance, indigo, nerprun, chlorophylle. » Les jeux de textures sont un autre de leurs particularismes : « Nous procédons en plusieurs étapes : la construction des meubles, avec la mise en œuvre de savoir-faire traditionnels du travail du bois massif qui relèvent de l’ébénisterie. Puis vient la sculpture, pour laquelle nous utilisons des outils électriques, comme la meuleuse que nous manipulons à la main. Vient enfin l’étape de la teinte et du vernis, à appliquer au pinceau et à l’éponge. » Chacun de leurs objets est développé artisanalement, mais semble façonné, érodé, poli par le temps et les éléments.

DÉBUTS / 
Lors d’une résidence de création dans les Alpes à l’été 2019, le duo se lance dans la production de petits objets, afin de trouver sa voie, de définir un récit commun autour de la Méditerranée, d’apprendre à travailler à deux. 

FONDATION / 
Romain Carlès et Paul Demarquet fondent leur atelier à Marseille en 2020. 

RÉVÉLATION / 
Dans le cadre de Design Parade Toulon, Carlès & Demarquet exposent leur mobilier au Festival international d’architecture d’intérieur, à l’été 2024. 

EXPOSITION / 
En janvier 2025, India Mahdavi met en lumière leur collection « Ondes » au sein de sa Tiny Room, une galerie de poche à côté de son showroom, rue Las Cases, dans le 7e arrondissement parisien, qu’elle a dédiée au travail de jeunes designers dont la démarche l’inspire. 

SALON/ 
Première présence en mars dernier à Collectible, la foire bruxelloise de création du XXIe siècle.