Sans l’intervention du vigile ce jour-là, l’affaire des viols de Mazan n’aurait probablement jamais été révélée. Nos confrères de Paris-Match ont diffusé ce vendredi 13 septembre une vidéo issue du téléphone de Dominique Pelicot, capturée le 12 septembre 2020, jour de son interpellation pour avoir filmé sous les jupes de plusieurs femmes, dans un supermarché de Carpentras (Vaucluse).
Dans ces images chocs, l’on peut voir le prédateur présumé, aujourd’hui accusé d’avoir organisé les viols répétés de sa femme Gisèle, déambuler dans les rayons du magasin, à la recherche de «proies» à épier. Son mode opératoire semble bien rodé : il repère dans un premier temps des femmes en jupe ou en robe, puis cache son téléphone portable, caméra allumée, dans une sacoche qu’il porte à bout de bras. Il s’approche ensuite discrètement de ses victimes puis glisse son sac sous le vêtement, quelques secondes, avant de repartir.
«Ça fait quatre clientes»
Dans cette vidéo, Dominique Pelicot parvient à filmer les dessous d’une cliente par deux fois... avant d’être interrompu par un vigile, qui avait repéré le petit manège du sexagénaire et attendait un flagrant délit pour intervenir. «Il prend de bonnes prises de vue votre téléphone!», s’exclame d’abord le vigile, avant de s’adresser à la victime. «Il était en train de filmer sous votre robe!». «Non, non, non...», souffle d’abord, interloqué, la cliente. «Si, si, si ! Vous portez plainte? Il était en train de filmer sous votre robe votre téléphone comme ça, à l’instant.» Dans le talkie-walkie du vigile, l’on entend l’une de ses collègues dire : «Ça fait quatre clientes.»
«C’est vrai?», demande la victime, qui ne veut pas y croire. «Je suis là pour rigoler? On le suit à la caméra», rétorque le vigile, avant de déclarer: «Madame, je compte sur vous pour porter plainte.» Il s’adresse ensuite à Dominique Pelicot: «Allez police, direct! Et les autres clientes? Il aurait fallu les retrouver, il y en a trois autres.» Il poursuit, sur le même ton crispé: «Vous êtes un gros dégueulasse vous en fait? Vous avez de la chance, je vous jure c’est ma mère je vous arrache la tête.» Peu de temps après, Dominique Pelicot est interpellé par la police. La vidéo de son téléphone n’a pas pu être effacée par l’intéressé, puisque l’appareil a été immédiatement saisi par le vigile.
Décennie de viols
Cette interpellation a permis aux forces de l’ordre d’analyser son téléphone, et de procéder à des perquisitions. En fouillant dans l’ordinateur de Dominique Pelicot, les enquêteurs avaient alors découvert la décennie de viols, photographiés, filmés, légendés et archivés, qu’a subis sa femme Gisèle.
Aux côtés de Dominique Pelicot, 50 hommes, âgés de 26 à 74 ans, sont actuellement jugés à Avignon, pour la plupart poursuivis pour viols aggravés, des faits pour lesquels ils encourent 20 ans de réclusion criminelle. Dix-huit de ces accusés, dont Dominique Pelicot, comparaissent détenus. Trente-deux autres comparaissent libres, le dernier, en fuite, étant jugé en son absence. Le procès des viols de Mazan a toutefois été suspendu jusqu’à lundi, dans l'attente du retour de Dominique Pelicot, malade.