Pourquoi Arthur Fils est en train de changer de dimension et se rapproche du top 10

Favori sur le papier de son quart de finale à la pépite Jakub Mensik, 19 ans (54e mondial), l’Essonnien a une sacrée occasion d’atteindre son premier dernier carré en Masters 1000, la catégorie de tournois située juste en dessous des Grands Chelems. Il y a une semaine à Indian Wells, le Bondouflois avait échoué sur un fil après un gros bras de fer contre Daniil Medvedev (4-6, 6-2, 6-7 [7]).

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« Ce n’est qu’un quart, ce qu’on veut c’est faire des demies, des finales, gagner des titres. Si je peux aller plus loin, je ne vais pas me gêner», souffle-t-il toujours très ambitieux. Reste à savoir comment il aura récupéré physiquement de ses deux derniers gros combats, dont sa victoire contre Alexander Zverev, mercredi soir (3-6, 6-3, 6-4). Une certitude. Il ne manque pas d’ambition.

Le top 10 en ligne de mire pour un joueur pressé et ambitieux

Arthur Fils a tous les atouts pour viser le top 10 à moyen et même à court terme. À lui aussi désormais de passer un cap dans les Grands Chelems où il n’a pas fait mieux qu’un 8e de finale à Wimbledon la saison dernière. En Masters 1000, où il n’avait pas encore dépassé les 8es avant la tournée américaine de mars. De l’histoire ancienne.

En jeune homme très pressé, Fils pointait début 2022 au-delà de la 600e place mondiale. En 2023, il avait connu une progression fulgurante en se rapprochant de la 30e place et en décrochant son premier titre sur le grand circuit à Lyon. « Je ne pense pas que ça aille trop vite, nous confiait-il au printemps dernier. Je joue les grands tournois que je kiffe depuis toujours. J’aime ma vie de joueur professionnel. » En 2024, il a remporté ses deux premiers ATP 500 et a rejoint le top 20. En battant déjà Zvzerev sur ses terres en finale à Hambourg. Et à Tokyo, Fils avait dominé trois membres du top 20 en devenant le premier Français depuis Jo-Wilfried Tsonga il y a dix ans à Toronto à glaner un titre en battant quatre top 20.

Un jeu offensif mieux canalisé

Assez grand et costaud (1,85 m, 83 kg), Fils attire les regards, électrise les foules avec cette capacité d’emmener avec lui le public. Revers long de ligne laser, lourdeur du coup droit, service capable de se faire flasher à 222 km/h, il possède un gabarit des standards du top 10 au contraire de beaucoup de jeunes Tricolores plus poids plume que poids lourd. Le jeune Français, a progressé au service, en retour et dans la construction des points ces derniers mois. Ce joueur naturellement porté vers l’avant s’est également amélioré dans son jeu de défense. Il sait se montrer plus patient. Et ça paie.

Une faculté à ne pas lâcher

Au niveau mental, Arthur Fils démontre en Floride sa faculté à ne rien lâcher. Le Francilien semble mieux contrôler désormais le bouillonnement intérieur qui le rattrapait parfois avec une tendance à se frustrer quand tout n’allait pas dans son sens. Et se perdre dans la frustration par le passé lui a joué des tours. Le protégé du Croate Ivan Cinkus, déjà vainqueur deux jours plus tôt d’un gros combat face à Frances Tiafoe (7-6 [11], 5-4, 6-2), avait notamment sauvé six balles de set face à l’Américain. En difficulté contre Zverev et gêné par une douleur au dos, le numéro un tricolore a poursuivi la rencontre sans jamais lâcher prise. Mené d’un set, puis 3-1 au troisième, il a su renverser le scénario d’un match mal embarqué. En costaud.

Il enchaîne mieux les performances

Depuis quinze ans, ils ne sont que deux, parmi les moins de 21 ans, à avoir réussi à enchaîner quarts à Indian Wells et à Miami. Juan Martin Del Potro en 2009 et Carlos Alcaraz (2022, 2023, 2024). Fils est en bonne compagnie. Seul deux Français ont réussi cette performance Yannick Noah (1987 et 1989) et Gaël Monfils (2016). Pour se rapprocher encore un peu plus des cadors, l’Essonnien le sait. Il doit gagner en régularité. L’an dernier il avait soufflé le chaud et le froid notamment un printemps sur terre battue sans relief et une élimination précoce aux Jeux de Paris (face à sa bête noire Matteo Arnaldi). Et après son sacre à Tokyo, il a trébuché d’entrée, au Masters 1000 de Shanghai, battu par l’Espagnol Carballes Baena (7-6, 7-6).

Une faculté à battre les meilleurs

Un succès contre le numéro 2 mondial Alexander Zverev est une première pour le jeune Français face à un joueur aussi bien classé. C’est son troisième succès contre un top 5 mondial. Et une étape, une de plus dans la marche en avant de celui qui, a 20 ans seulement et qui a pris ses aises contre les meilleurs. Depuis juillet 2024 : il a signé 10 victoires contre 4 défaites face à des top 20. Le compte X Jeu, set et maths nous apprend par ailleurs que depuis le début de la saison 2024, Fils a disputé 10 rencontres face à des membres du top 10 et lors de 9 d’entre elles, il a remporté au moins un set.