L’auteur Boualem Sansal, gracié par Alger, a été libéré

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Après un an de détention, Boualem Sansal est enfin libre, gracié par le président algérien Abdelmadjid Tebboune, mercredi 12 novembre. L'écrivain franco-algérien est en route en avion direction Berlin (Allemagne), où il doit atterrir dans la soirée sur une base militaire. La nouvelle de sa libération a été accueillie par les applaudissements de l'Assemblée nationale, tous bords politiques confondus.

Emmanuel Macron a pu échanger avec Boualem Sansal. Le président de la République est soulagé : "Je prends acte de ce geste d'humanité du président Tebboune et l'en remercie. Je reste évidemment disponible pour échanger avec lui sur l'ensemble des sujets d'intérêt pour nos deux pays."

L'écrivain de 81 ans souffre d'un cancer de la prostate. Ses proches se réjouissent ce soir de le savoir sorti de prison. "Heureux, ému, je pense aussi non seulement à Boualem Sansal, mais à tous les écrivains algériens. Ceux qui ont été malmenés, ceux qui ont été tués, ceux qui ont été disgraciés, chassés, exilés. Boualem, j'ai envie de le revoir, j'aime bien sa bonhomie, j'aime bien sa bienveillance. C'est un écrivain très bienveillant envers ses pairs", a réagi Kamel Daoud, écrivain franco-algérien, prix Goncourt et auteur aux éditions Gallimard.

Boualem Sansal avait été arrêté le 16 novembre 2024 à son arrivée à Alger, accusé d'atteinte à l'unité nationale. L'écrivain avait déclaré que l'Algérie avait hérité d'une partie de son territoire sous la colonisation française, condamné pour cela à cinq ans de prison. Une fausse accusation, d'après son comité de soutien. "Les faits qui avaient été invoqués pour le condamner à cinq ans de prison ne tenaient pas à l'épreuve du droit, à l'épreuve des faits. À partir de là, il n'avait rien à faire derrière les barreaux", estime ainsi Éric Fottorino, journaliste et écrivain. Depuis son incarcération, la France demandait avec insistance sa libération, mais les relations au plus bas entre Paris et Alger ne facilitaient pas les choses. Il a donc fallu l'intervention de l'Allemagne pour débloquer la situation.

"Depuis le début, les Algériens avaient dit qu'il y aurait libération de Boualem Sansal uniquement si cela passe par un pays tiers. Les Algériens n'avaient aucune envie d'assister au retour triomphal et médiatique de Boualem Sansal ici, à Paris", explique Étienne Leenhardt, rédacteur en chef du service étranger de France Télévisions. À son arrivée à Berlin, Boualem Sansal devrait être immédiatement transféré vers un hôpital allemand pour y recevoir des soins médicaux.